Des parents risquent la prison pour avoir torturé leur gamin
Coups de pied à la tête et avec une ceinture, gifles répétées et ecchymoses sur tout le corps : des parents qui croyaient « bien faire » en battant leur garçon de 8 ans jusqu’à lui infliger une centaine de blessures pourraient passer deux et trois ans en détention.
« Ce qu’il a subi, c’est de la torture. C’est d’une violence inouïe. […] Il n’y a littéralement aucune partie de son corps épargnée », a vivement déploré la procureure de la Couronne, Me Gabriella St-Onge, hier, au palais de justice de Longueuil.
Pendant l’année scolaire 2022, deux parents de la Rive-Sud ont commencé à battre leur fils aîné pour faire « de la discipline ». L’enfant de 8 ans accumulait de mauvais commentaires à l’école, ce qui ne leur plaisait pas.
« Comme premier fils, je m’attendais à ce qu’il soit respectueux, honnête, qu’il fasse honneur à nos traditions », a expliqué le père en témoignant ce matin, lors des représentations sur la peine.
Le couple ne peut être nommé afin de préserver l’identité de ses trois enfants mineurs.
FRAPPÉ 50 FOIS
Ce sont des professeurs du garçon qui ont découvert les blessures. Il avait vécu l’horreur. La première fois, il a été frappé jusqu’à 50 fois. Son père lui a déjà donné des coups de pied à la tête alors que sa tête frappait le plancher parce qu’il « posait trop de questions ».
Fil de téléphone, balais, ceinture : différents objets étaient utilisés pour s’en prendre à lui. Lorsque l’enfant a été examiné à l’hôpital, la pédiatre a constaté plus de 100 blessures sur son corps. Des lésions dans le dos seront sans doute permanentes.
Pour les parents, il ne s’agissait pas d’excès de colère, mais les coups avaient plutôt « un but éducatif ».
« Les gestes de violence surviennent lorsque l’enfant aurait fait quelque chose de pas correct à l’école, lorsqu’il ne mange pas son sandwich, ou lorsqu’il ne fait pas ses devoirs. »
C’est ce que révèle le résumé conjoint des faits déposé lorsque les parents ont plaidé coupables, notamment de voies de fait causant des lésions. Le petit frère de 4 ans a lui aussi été frappé, y apprend-on.
SÉVICES PENDANT LEUR ENFANCE
Les parents se sont tous les deux justifiés en disant avoir été élevés de la même façon. « Je pouvais recevoir des fessées vraiment sauvages. Tout ça a laissé des séquelles en moi », a dit le père.
Celui-ci assure regretter « le mal » qu’il a fait. « Je pensais bien faire, mais c’était horrible. […] Je revois les marques, les blessures. Jamais ça n’aurait dû se produire », a-t-il confié d’un ton posé.
La Couronne réclame trois ans de détention pour le père et deux ans pour la mère.
« On a un enfant traumatisé, qui recule quand les adultes lèvent le ton, qui a eu peur d’un simple jeu avec des bâtons », a dit Me Gabriella St-Onge, qui estime que le couple minimise encore à ce jour ses crimes.
De son côté, la défense réclame des travaux communautaires ou des sentences suspendues, assorties d’une probation.
La juge rendra sa décision en juin.