Le Journal de Montreal

Des parents risquent la prison pour avoir torturé leur gamin

- ERIKA AUBIN

Coups de pied à la tête et avec une ceinture, gifles répétées et ecchymoses sur tout le corps : des parents qui croyaient « bien faire » en battant leur garçon de 8 ans jusqu’à lui infliger une centaine de blessures pourraient passer deux et trois ans en détention.

« Ce qu’il a subi, c’est de la torture. C’est d’une violence inouïe. […] Il n’y a littéralem­ent aucune partie de son corps épargnée », a vivement déploré la procureure de la Couronne, Me Gabriella St-Onge, hier, au palais de justice de Longueuil.

Pendant l’année scolaire 2022, deux parents de la Rive-Sud ont commencé à battre leur fils aîné pour faire « de la discipline ». L’enfant de 8 ans accumulait de mauvais commentair­es à l’école, ce qui ne leur plaisait pas.

« Comme premier fils, je m’attendais à ce qu’il soit respectueu­x, honnête, qu’il fasse honneur à nos traditions », a expliqué le père en témoignant ce matin, lors des représenta­tions sur la peine.

Le couple ne peut être nommé afin de préserver l’identité de ses trois enfants mineurs.

FRAPPÉ 50 FOIS

Ce sont des professeur­s du garçon qui ont découvert les blessures. Il avait vécu l’horreur. La première fois, il a été frappé jusqu’à 50 fois. Son père lui a déjà donné des coups de pied à la tête alors que sa tête frappait le plancher parce qu’il « posait trop de questions ».

Fil de téléphone, balais, ceinture : différents objets étaient utilisés pour s’en prendre à lui. Lorsque l’enfant a été examiné à l’hôpital, la pédiatre a constaté plus de 100 blessures sur son corps. Des lésions dans le dos seront sans doute permanente­s.

Pour les parents, il ne s’agissait pas d’excès de colère, mais les coups avaient plutôt « un but éducatif ».

« Les gestes de violence surviennen­t lorsque l’enfant aurait fait quelque chose de pas correct à l’école, lorsqu’il ne mange pas son sandwich, ou lorsqu’il ne fait pas ses devoirs. »

C’est ce que révèle le résumé conjoint des faits déposé lorsque les parents ont plaidé coupables, notamment de voies de fait causant des lésions. Le petit frère de 4 ans a lui aussi été frappé, y apprend-on.

SÉVICES PENDANT LEUR ENFANCE

Les parents se sont tous les deux justifiés en disant avoir été élevés de la même façon. « Je pouvais recevoir des fessées vraiment sauvages. Tout ça a laissé des séquelles en moi », a dit le père.

Celui-ci assure regretter « le mal » qu’il a fait. « Je pensais bien faire, mais c’était horrible. […] Je revois les marques, les blessures. Jamais ça n’aurait dû se produire », a-t-il confié d’un ton posé.

La Couronne réclame trois ans de détention pour le père et deux ans pour la mère.

« On a un enfant traumatisé, qui recule quand les adultes lèvent le ton, qui a eu peur d’un simple jeu avec des bâtons », a dit Me Gabriella St-Onge, qui estime que le couple minimise encore à ce jour ses crimes.

De son côté, la défense réclame des travaux communauta­ires ou des sentences suspendues, assorties d’une probation.

La juge rendra sa décision en juin.

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