Le Journal de Montreal

Payer 16 $ pour un mocktail, ça en vaut vraiment la peine ?

Il n’est pas rare qu’un verre avec ou sans alcool coûte le même prix

- MAUDE LARIN-KIERAN Agence QMI

Il n’est pas rare à Montréal de payer un mocktail au même prix, voire plus cher, qu’un cocktail alcoolisé. Dans certains établissem­ents, il faut même débourser jusqu’à 16 $.

Par exemple, au bar à cocktails La Distilleri­e, dans le Quartier latin, un amalfi avec ou sans alcool se vend 12 $ le verre, tandis qu’au MTL Bar, il n’y a qu’un dollar de différence entre un mocktail et certains cocktails.

Au bar Bootlegger, sur Saint-Laurent, les breuvages sans alcool coûtent en moyenne 16 $, alors que les prix de ceux avec alcool non-premium varient entre 15 et 18 $, selon une recension effectuée par l’Agence QMI.

Mais qu’est-ce qui explique que les prix soient équivalent­s ?

Les spiritueux utilisés dans des mocktails passent souvent par une étape supplément­aire que les spiritueux alcoolisés dans leur confection, a expliqué Sophie Anne Aubin, employée chez Apéro à zéro, une boutique spécialisé­e dans la vente de produits sans alcool.

« C’est ce qu’on appelle la désalcooli­sation. Cette étape rajoute du même coup des frais supplément­aires », a-t-elle précisé.

« Pour le même spiritueux, avec ou sans alcool, la bouteille sans alcool est 5 $ de plus », a confirmé pour sa part Monica Beaulieu, gestionnai­re chez La Distilleri­e.

DES FACTEURS INFLUENCEN­T LE PRIX

D’autres facteurs comme l’emplacemen­t de l’établissem­ent – un cocktail dans un bar de Griffintow­n sera plus cher qu’à Hochelaga –, le temps alloué à la création d’un mocktail et la demande pour ce type de produits peuvent également influencer le prix d’un verre, se sont-elles entendues pour dire.

La copropriét­aire d’Apéro à zéro a également rappelé qu’il y a un coût lié à l’activité d’aller prendre un verre.

« Ce qu’on paie, c’est l’expérience, c’est le rituel, c’est de se retrouver entre amis autour d’un cocktail. Et il y a des frais rattachés à tout ça. »

Mais comment s’assurer de payer le juste prix pour un mocktail ?

Les deux femmes sont du même avis : un cocktail duquel on retire simplement l’alcool sans diminuer le prix, ça ne vaut pas la peine.

« Si je vois un cocktail qui me plaît vraiment et que, pour l’avoir en option sans alcool, on fait juste enlever le spiritueux de la recette, mais qu’on me charge le même prix, c’est certain que ça choque », a déploré Sophie Anne Aubin.

LE SANS-ALCOOL EN HAUSSE

La multiplica­tion de mocktails et de spiritueux sans alcool ces dernières années coïncide avec une baisse marquée de la consommati­on d’alcool au pays depuis la pandémie, passant de 8,1 litres par habitant en 2021-2022 à 7,8 litres en 2022-2023, selon une étude de Statistiqu­e Canada. Au Québec, la consommati­on d’alcool est toutefois demeurée stable.

On voit d’ailleurs de plus en plus de produits désalcooli­sés sur les tablettes de la Société des alcools du Québec (SAQ).

Monica Beaulieu a également constaté une hausse constante de la consommati­on de mocktails depuis quelques années.

« La courbe de nos ventes monte à la même vitesse d’année en année », a expliqué celle qui compose la carte de cocktails de La Distilleri­e.

Comme plusieurs autres établissem­ents du genre, de plus en plus de restaurate­urs et de bars élaborent une carte de mocktails plus recherchée.

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PHOTO AGENCE QMI, MAUDE LARIN-KIERAN Monica Beaulieu, qui compose la carte de cocktails de La Distilleri­e, constate une hausse constante de la consommati­on de mocktails depuis quelques années

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