Le Journal de Montreal

Bientôt la fin pour l’usine Rayonese de Saint-Jérôme

La fermeture définitive, d’ici la fin de l’année, entraînera la perte de 177 emplois

- « C’EST UNE PAGE D’HISTOIRE QUI VIENT DE SE TOURNER. » – Marc Bourcier, maire de Saint-Jérôme FRANCIS HALIN

Après 75 ans d’existence, l’usine de fabricatio­n de tissus de matelas Rayonese de Saint-Jérôme ferme ses portes et licencie ses 177 travailleu­rs pour déménager une partie de sa production en Caroline du Nord, aux États-Unis.

« On a appris la nouvelle hier, à 15 h. Tout le monde ici, on a des obligation­s. On a des trucs à payer. C’est une bonne compagnie. J’adorais les gens », confie Maude Léveillé, tricoteuse depuis trois ans à l’usine Rayonese de la MRC de La Rivière-du-Nord.

C’est mercredi en fin de journée que la maison-mère américaine Culp a choisi d’annoncer sa décision. On y apprenait également qu’une partie de la production allait déménager à Stokesdale, en Caroline du Nord, plus près de son siège social de High Point.

Collé au paysage laurentien depuis 1965, « La Rayonese », comme on l’appelle dans le coin, soufflait ses 75 bougies cette année. Le bâtiment porte les traces du passé industriel de la région.

« Ça me fait de la peine parce que c’est une place que j’ai vraiment aimée », ajoute Maude Léveillée, 24 ans, qui était de nuit avec des horaires de 12 heures.

Plus de 177 personnes perdront leur gagne-pain, selon l’avis reçu par le gouverneme­nt.

« Le licencieme­nt collectif s’échelonne en plusieurs vagues de licencieme­nts prévues entre la fin juillet 2024 et le 31 décembre 2024 », détaille Jonathan Gaudreault, porte-parole du ministère du Travail.

« C’EST UN CHOC »

Hier midi, les travailleu­rs approchés par Le Journal avaient le coeur gros. Plusieurs avaient de la misère à retenir leurs larmes et avaient besoin de temps pour absorber le coup avant de pouvoir en parler.

En entrevue au Journal, le directeur de l’usine depuis 29 ans, Patrick Deschênes, était très ému. « C’est un choc. Plusieurs personnes ont 45 ou même 50 ans d’ancienneté », a-t-il confié.

« Avec les taux d’intérêt, les gens sont un peu pris à la gorge, alors les matelas, on est un peu dépendants des constructi­ons neuves et de la rénovation », a expliqué le numéro 1 de la mythique usine.

D’après Patrick Deschênes, le déménageme­nt de certaines des activités vers le sud-est des États-Unis est moins une affaire de coûts que de ventes qui étaient moins au rendez-vous.

« Nos compétiteu­rs font la même chose que nous en ce moment. Tout le monde réduit. La tarte est en train de rapetisser », a-t-il observé. « L’âme de Rayonese, ce sont les employés », a-t-il soufflé.

LE MAIRE ATTRISTÉ

Pour Marc Bourcier, maire de Saint-Jérôme, qui a grandi dans le quartier SaintPierr­e, voisin de La Rayonese, ça fait mal.

« C’est une triste nouvelle, mais j’ai pour mon dire que Saint-Jérôme est la fiancée la plus courtisée des Laurentide­s », a-t-il affirmé au Journal sur une note d’espoir, en marge d’un salon de l’emploi dans sa municipali­té.

« C’est une page d’histoire qui vient de se tourner. On descendait la côte, on voyait la Rayonese. On la voyait de l’autoroute aussi », a-t-il conclu, en évoquant des entreprise­s de la filière électrique comme Lion, qui lui font espérer un avenir meilleur.

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PHOTOS FRANCIS HALIN L’usine textile Rayonese fait partie du paysage de Saint-Jérôme depuis 1965.

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