Bientôt la fin pour l’usine Rayonese de Saint-Jérôme
La fermeture définitive, d’ici la fin de l’année, entraînera la perte de 177 emplois
Après 75 ans d’existence, l’usine de fabrication de tissus de matelas Rayonese de Saint-Jérôme ferme ses portes et licencie ses 177 travailleurs pour déménager une partie de sa production en Caroline du Nord, aux États-Unis.
« On a appris la nouvelle hier, à 15 h. Tout le monde ici, on a des obligations. On a des trucs à payer. C’est une bonne compagnie. J’adorais les gens », confie Maude Léveillé, tricoteuse depuis trois ans à l’usine Rayonese de la MRC de La Rivière-du-Nord.
C’est mercredi en fin de journée que la maison-mère américaine Culp a choisi d’annoncer sa décision. On y apprenait également qu’une partie de la production allait déménager à Stokesdale, en Caroline du Nord, plus près de son siège social de High Point.
Collé au paysage laurentien depuis 1965, « La Rayonese », comme on l’appelle dans le coin, soufflait ses 75 bougies cette année. Le bâtiment porte les traces du passé industriel de la région.
« Ça me fait de la peine parce que c’est une place que j’ai vraiment aimée », ajoute Maude Léveillée, 24 ans, qui était de nuit avec des horaires de 12 heures.
Plus de 177 personnes perdront leur gagne-pain, selon l’avis reçu par le gouvernement.
« Le licenciement collectif s’échelonne en plusieurs vagues de licenciements prévues entre la fin juillet 2024 et le 31 décembre 2024 », détaille Jonathan Gaudreault, porte-parole du ministère du Travail.
« C’EST UN CHOC »
Hier midi, les travailleurs approchés par Le Journal avaient le coeur gros. Plusieurs avaient de la misère à retenir leurs larmes et avaient besoin de temps pour absorber le coup avant de pouvoir en parler.
En entrevue au Journal, le directeur de l’usine depuis 29 ans, Patrick Deschênes, était très ému. « C’est un choc. Plusieurs personnes ont 45 ou même 50 ans d’ancienneté », a-t-il confié.
« Avec les taux d’intérêt, les gens sont un peu pris à la gorge, alors les matelas, on est un peu dépendants des constructions neuves et de la rénovation », a expliqué le numéro 1 de la mythique usine.
D’après Patrick Deschênes, le déménagement de certaines des activités vers le sud-est des États-Unis est moins une affaire de coûts que de ventes qui étaient moins au rendez-vous.
« Nos compétiteurs font la même chose que nous en ce moment. Tout le monde réduit. La tarte est en train de rapetisser », a-t-il observé. « L’âme de Rayonese, ce sont les employés », a-t-il soufflé.
LE MAIRE ATTRISTÉ
Pour Marc Bourcier, maire de Saint-Jérôme, qui a grandi dans le quartier SaintPierre, voisin de La Rayonese, ça fait mal.
« C’est une triste nouvelle, mais j’ai pour mon dire que Saint-Jérôme est la fiancée la plus courtisée des Laurentides », a-t-il affirmé au Journal sur une note d’espoir, en marge d’un salon de l’emploi dans sa municipalité.
« C’est une page d’histoire qui vient de se tourner. On descendait la côte, on voyait la Rayonese. On la voyait de l’autoroute aussi », a-t-il conclu, en évoquant des entreprises de la filière électrique comme Lion, qui lui font espérer un avenir meilleur.