Le Journal de Montreal

L’immigratio­n vue par un enfant

Un réalisateu­r est inspiré par sa famille

- MAXIME DEMERS

Comme plusieurs Québécois d’origine haïtienne, les parents du réalisateu­r Henri Pardo ont fui la dictature Duvalier dans les années 1970 pour venir s’installer en catastroph­e au Canada.

Kanaval, son premier film de fiction, s’inspire en partie de l’histoire de sa famille.

Présenté l’an passé au Festival de Toronto – où il a remporté deux prix –, Kanaval relate le parcours de Rico (Rayan Dieudonné), un garçon de 9 ans contraint de quitter Haïti avec sa mère (Penande Estime) pour aller s’installer au Québec, au milieu des années 1970.

Accueillis chaleureus­ement par un couple québécois (Claire Jacques et Martin Dubreuil), Rico et sa mère tenteront tant bien que mal de s’adapter à leur nouvelle vie.

Natif du Nouveau-Brunswick, Henri Pardo a puisé dans l’histoire de sa famille pour écrire

Kanaval.

« Je me suis inspiré de certains faits, mais dès qu’on prend des personnage­s réels, qu’on comprime le temps et qu’on modifie l’environnem­ent, ça finit par changer un peu leur histoire », précise le réalisateu­r de 54 ans qui a débuté sa carrière comme acteur (on l’a vu notamment dans plusieurs films américains tournés à Montréal).

UN ENFANT DU CHEMIN ROXHAM

Par souci de véracité, Henri Pardo a tenu à s’entourer d’une équipe d’acteurs majoritair­ement haïtienne.

Le rôle principal du film a d’ailleurs été confié à Rayan Dieudonné, un jeune garçon d’origine haïtienne qui est arrivé au Québec en 2018, par le chemin Roxham.

« Rayan a traversé la frontière par ce chemin après avoir eu un parcours migratoire long et difficile, relate Henri Pardo. À Montréal, il a été accueilli par la Maison d’Haïti qui a des ressources pour les gens qui arrivent, dont notamment un camp de jour pour permettre aux parents de travailler ou de faire des démarches pour se trouver un emploi. C’est là qu’on a rencontré Rayan. Il n’avait jamais joué à l’écran mais il avait un gros vécu et surtout une grande intelligen­ce. C’est pour ça qu’on l’a choisi. »

GARDER SES RACINES

Kanaval explore les défis de l’intégratio­n à travers les yeux d’un garçon haïtien déraciné de sa terre natale qui doit s’adapter à un nouveau monde et à une nouvelle culture loin de la sienne. Si le thème de l’immigratio­n est au coeur du récit, Henri Pardo estime que son film parle d’abord et avant tout de l’importance de garder ses racines.

« Il n’y a pas grand-chose qui nous encourage à garder nos racines [quand on arrive dans un autre pays], souligne le cinéaste. Moi, j’encourage les gens qui débarquent ici à retenir leur culture parce que c’est leur coeur. Je dis souvent qu’un arbre sans racines, c’est juste des planches. Je souhaite qu’on s’enracine ici mais aussi en même temps qu’on garde un lien avec nos racines et notre héritage. Quand notre culture est épanouie et respectée, elle peut juste contribuer [à la société]. C’est ce que j’essaie de faire avec mon film. Kanaval est une oeuvre québécoise qui contribuer­a au tissu culturel d’ici. »

Le film Kanaval, à l’affiche le 3 mai.

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PHOTO FOURNIE PAR MAISON 4:3 Henri Pardo et Rayan Dieudonné sur le plateau de Kanaval.

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