Le Journal de Montreal

Des Bougon sans morale en prison pour une fraude

Mère, père et enfants ont dépouillé un fonds de recherche pendant 14 ans

- MICHAËL NGUYEN

Une famille de fraudeurs, qui a dépouillé de 1,5 million $ un fonds de recherche contre le cancer d’un hôpital montréalai­s, a pris le chemin de la prison hier.

« [La mère] est l’instigatri­ce, elle a entraîné son mari et ses enfants dans cette fraude, le docteur qui lui accordait une confiance absolue aura été berné à en pleurer », a commenté la juge Mylène Grégoire, juste avant de condamner la famille Dagenais-Edisbury, hier au palais de justice de Montréal.

Le cerveau du groupe, la mère, Sylvie Dagenais, n’a pas hésité à dépouiller entre autres un fonds de recherche contre le cancer de la prostate. La fraude massive a débuté au tournant des années 2000, pour s’étaler sur 14 ans.

À l’époque, Dagenais, 60 ans, travaillai­t pour le chef du Service d’urologie du CHUM. Elle a été promue coordonnat­rice d’un fonds de recherche.

Mais au lieu de gérer pour le bien commun, elle a décidé de s’en mettre plein les poches, par exemple en recourant à la double rémunérati­on et en présentant des factures bidon. Elle a ensuite entraîné son mari, Danny Édisbury, 61 ans, et leurs enfants de 34 et 37 ans, Francis et Carl, dans son aventure criminelle.

CRIME ODIEUX

« Le fait que la fraude visait un fonds de recherche sur le cancer de la prostate ajoute au caractère odieux des crimes », a dit la juge.

Convaincue qu’elle et sa famille ne se feraient jamais attraper, Dagenais est devenue de plus en plus gourmande, au point où 14 ans plus tard, elle avait dérobé 1,5 million $ au centre hospitalie­r, qui est en partie financé par les contribuab­les.

Il aura fallu un événement inattendu, soit le déménageme­nt de bureaux, pour que son stratagème soit révélé et que la famille soit arrêtée.

Et hier, il était temps pour eux de payer, pas seulement par la privation de leur liberté, mais aussi en puisant dans leur portefeuil­le puisqu’en plus de la prison, Me Sarah-Audrey Daigneault réclamait un remboursem­ent des montants dérobés.

PRISON ET REMBOURSEM­ENT

Ainsi, Dagenais, qui a été le maître d’oeuvre de la fraude, a écopé de six ans de pénitencie­r, en plus de devoir rembourser 562 000 $. Elle a 12 ans pour le faire, faute de quoi elle retournera derrière les barreaux pour trois ans.

Le mari, Danny Édisbury, a quant à lui écopé de quatre ans de détention, et devra rembourser 690 000 $.

Les enfants ont pu s’en sortir avec deux ans moins un jour de prison à domicile, mais ils devront également rembourser des montants subtilisés.

« Sylvie Dagenais et Danny Édisbury devaient servir à leurs enfants de modèle d’adultes responsabl­es, a conclu la juge. Ils ont plutôt choisi de se comporter en fraudeurs, menteurs et manipulate­urs. »

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PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY Sylvie Dagenais et son conjoint, Danny Édisbury (en mortaise), étaient au palais de justice de Montréal hier.

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