Gabriel Nadeau-Dubois : entre Jean XXIII et Jean Airoldi
Connaissez-vous la comédie musicale My Fair Lady ?
Inspirée de la pièce Pygmalion, de George Bernard Shaw, cette célèbre comédie musicale (qui a été portée à l’écran avec Rex Harrison et Audrey Hepburn) raconte l’histoire d’un professeur distingué qui tente de transformer une vendeuse de violettes un tantinet vulgaire en « femme du monde ».
Il change sa garde-robe, lui montre comment marcher, comment parler, comment se conduire à table – bref, comment se comporter pour se faire accepter de la « bonne société ».
Eh bien, c’est ce que tente actuellement de faire Gabriel Nadeau-Dubois avec QS.
Il prend un mouvement populaire qui mâche de la gomme et s’habille en mou et tente d’en faire un parti politique « respectable ».
Digne de la confiance des électeurs.
CHANGE TON LOOK !
Voici ce que GND dit à QS :
« QS, tu sais que je t’aime. Ça fait des années que nous sommes ensemble, et je souhaite que notre couple dure encore longtemps.
« Mais je dois te dire quelque chose, même si ça risque de te choquer. Si tu veux gagner les prochaines élections, tu dois changer ton look. Parce que si tu restes comme tu es, tu n’iras jamais nulle part. C’est bien beau, les p’tits cafés du Plateau, mais un moment donné, faut grandir, faut vieillir ! Ce ne sont pas les étudiants de l’UQAM qui vont te porter au pouvoir…
« Regarde le tatouage de Che Guevara que tu as dans le cou, par exemple. Tu penses que tu vas séduire les électeurs avec ça ? Tu leur fais peur ! Ils te voient à travers la vitre et ils ne veulent même pas t’ouvrir la porte !
« Peux-tu porter une chemise propre et l’attacher jusqu’au dernier bouton pour cacher ton tatouage, s’il te plaît ? Et puis tes Doc Martens, plus personne ne porte ça à ton âge…
« Regardez-moi. Est-ce que j’ai l’air d’un rebelle qui campe sur le campus de McGill ? Non. Je suis propre. Présentable. Fréquentable. Peigné sur le côté. Pas un poil qui dépasse. Les gens me voient et pensent que je suis un vendeur d’assurances. J’inspire confiance. Il y a même des dames qui veulent me présenter leur fille, en disant que je suis le gendre idéal !
« Si tu veux juste passer tes journées à jaser et à pelleter des nuages, pas de problème, reste dans tes vieux vêtements et tes vieilles idées, la gang du Plateau va continuer à te trouver ben cool. Mais si tu veux gagner (ce qui, je le rappelle, est quand même le but premier de tout parti politique), eh bien, redresse-toi ! Ramasse-toi ! Et évite les propos radicaux !
« Lâche les wokes, les trans et les migrants, et parle à la classe moyenne ! »
VATICAN II
La question qu’il faut maintenant se poser est celle-ci : GND veut-il imposer un réel changement de cap à son parti ou juste un « relookage » ? Est-il Jean XXIII ou Jean Airoldi ? Assistons-nous au Vatican II de la gauche québécoise ou à l’enregistrement d’une émission de téléréalité pour Canal Vie ?
Pour les plus jeunes, Vatican II était une réforme que le pape Jean XXIII a imposée à l’Église catholique pour la « rapprocher » du « vrai monde ».
On a aboli les messes en latin, par exemple, puis on a permis à Monsieur et Madame Tout-le-Monde de lire la Bible (acte qui était auparavant
réservé aux
seuls prêtres).
Cela a donné le meilleur (une Église moins élitiste), mais aussi le pire (les messes à gogo avec des hippies qui chantaient : « Jésus est mon ami » en tapant sur des tambourins).
Comme Jean XXIII, GND dit aux bonzes de QS d’arrêter de se parler « entre eux » dans un langage abscons que seuls les militants endurcis comprennent (« intersectionnalité », « cisgenre », « queer »), et d’aller vers « le vrai monde », leur parler des « affaires » qui les touchent dans leur vie quotidienne.
J’imagine que les purs et durs vont capoter.
« L’ange Gabriel veut qu’on tourne le dos au dogme et qu’on verse du Sprite dans notre bénitier ! Mécréant ! Belzébuth ! »
Mais les réalistes, qui croient qu’on n’accomplit rien en pestant contre le capitalisme dans un demi-sous-sol mal éclairé, vont probablement le suivre.
Comme chante l’héroïne de My Fair Lady :
« Tout ce que je veux, c’est une chambre à moi
Bien fermée pour que j’ai pas froid Et un énorme fauteuil, ah oui ! Ce serait merveilleux ! »