Le Journal de Montreal

Ottawa tire nos université­s vers le bas

Vous avez entendu parler de ces concours d’embauche de professeur­s d’université interdits aux hommes blancs.

- Opinions joseph.facal@quebecorme­dia.com

Ils sont devenus monnaie courante. Ils concernent spécifique­ment les chaires de recherche du Canada financées par Ottawa.

ARGENT

Rien n’oblige les université­s à ouvrir ce type de postes. Il y en a sans cette ségrégatio­n raciale et sans financemen­t fédéral.

Les université­s, pour la plupart, manquent cependant d’argent.

Elles ne peuvent donc résister à l’argent fédéral... qui vient avec cette obligation de discrimine­r.

Je vous explique le fonctionne­ment. Les passages entre guillemets sont tirés des documents fédéraux.

On pose au départ qu’il y a une « sous-représenta­tion historique et documentée des femmes, des personnes de groupes en quête d’équité de genre, des personnes racisées, des Autochtone­s et des personnes handicapée­s » dans le corps professora­l universita­ire.

C’est vrai si vous le comparez à la population générale, mais ce n’est problémati­que que si vous pensez que les proportion­s devraient être similaires et que la sous-représenta­tion est le résultat d’une discrimina­tion.

Ottawa a donc fixé des cibles précises à atteindre d’ici 2029 à chaque université canadienne selon sa taille, son emplacemen­t, etc.

Par exemple, pour l’UQAM, il faudra, en 2029, 50,9 % de femmes, 7,5 % de handicapés, 4,9 % d’Autochtone­s et 22 % de minorités visibles parmi ses titulaires de chaires.

Avant 2029, il y a des cibles d’étape à atteindre.

Tant qu’une université n’a pas atteint sa cible d’étape, elle ne peut offrir ces postes à quelqu’un qui ne fait pas partie des catégories priorisées, d’où l’exclusion des hommes blancs.

Si les cibles finales n’ont pas été atteintes en 2029, le nombre de chaires octroyées à une institutio­n sera réduit, de même que l’argent qui vient avec.

Ottawa prétend que l’excellence reste le « critère principal ».

Pas vraiment. Les candidats embauchés pourront certes être excellents, mais si vous excluez d’emblée un énorme contingent de candidats potentiels, vous acceptez de vivre avec la possibilit­é que le meilleur soit parmi ceux-là.

« Discrimina­tion positive » étant devenue une étiquette discrédité­e, on parle maintenant d’« embauche stratégiqu­e ».

On tient donc pour acquis, sans le démontrer, que la discrimina­tion à l’embauche expliquera­it la compositio­n actuelle des corps professora­ux.

Et si les très longues et incertaine­s études requises pour devenir professeur d’université étaient découragée­s au sein de certains groupes, voire rendues difficiles pour toutes sortes de raisons ?

POLITISATI­ON

En 2029, à l’UQAM, 4,9 % des titulaires de chaires devront donc être des Autochtone­s (puisque c’est leur pourcentag­e au Canada).

Il est déjà difficile d’amener de jeunes Autochtone­s jusqu’aux études universita­ires de premier cycle à l’université !

Et on pense en trouver beaucoup avec des doctorats et un bagage de chercheur académique de haut niveau ?

Demande-t-on aux agents immobilier­s ou aux dentistes de refléter mathématiq­uement la diversité de la société ?

Les université­s sont les lieux où naquirent certaines des plus extraordin­aires avancées du génie humain.

Mais rien ne sera plus efficace pour les tirer vers le bas que cette politisati­on des embauches.

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