Guilbault veut prendre en main le « destin du transport collectif »
La ministre déposera un projet de loi pour créer sa propre agence en gestion de projets
Après avoir soulevé la controverse en affirmant que l’État n’a pas à gérer les sociétés de transport, Geneviève Guilbault s’apprête à créer une agence spécialisée qui lui permettra de « prendre le contrôle du destin du transport collectif » au Québec.
« On est rendu là en 2024 », a insisté la vice-première ministre, en entrevue avec notre Bureau parlementaire, à quelques jours du dépôt d’un projet de loi qui permettra de donner naissance à Mobilité Infra Québec (MIQ).
Sous réserve de l’adoption de sa pièce législative, il faudra compter « quelques mois » avant que la mise en place de son agence soit complétée.
« Moi, je veux que l’année prochaine, elle soit en fonction », a-telle indiqué.
Le ou la future PDG de MIQ s’entourera d’une « petite équipe spécialisée » (de 30 à 50 personnes) en transport collectif.
Cette expertise, qui pourrait servir à « faire d’autres types de projets complexes », même routiers, proviendra d’ici et peut-être même de l’Europe, « où il y a beaucoup de projets qui se font ».
Ce qui semble représenter, pour elle, une véritable planche de salut pour livrer des projets majeurs ira de pair avec la stratégie québécoise en infrastructures que son collègue Jonatan Julien est sur le point de déployer pour réaliser les projets 25 % plus vite et 15 % moins cher.
Mme Guilbault imagine déjà des partenariats avec le privé, qu’un nouveau modèle contractuel véritablement collaboratif permettra.
« Tout ce qu’on peut faire pour réduire les risques à la source va réduire la facture », croit la ministre.
TROP LONG, TROP LOURD
Dès son arrivée aux Transports et à la Mobilité durable après l’élection de 2022, un constat s’est vite imposé : le Québec peine à concrétiser ses grands projets d’infrastructure.
« C’est trop long, c’est trop lourd, c’est trop compliqué », regrette Mme Guilbault.
Et ces projets sont de plus en plus nombreux, à Montréal, Québec, Laval, Sherbrooke, Gatineau... Les écueils et les dépassements de coûts aussi se multiplient.
« Il y a trop de projets partout. Il y a trop d’affaires disparates. Il y a trop d’argent pitché dans toutes sortes de structures de gouvernance éparpillées. Alors il faut concentrer ça », tranche Mme Guilbault, en qui le premier ministre François Legault a réitéré sa confiance pleine et entière, encore la semaine dernière.
« Plutôt que d’avoir une série de bureaux de projets éparpillés un peu partout, on va se doter, nous, l’État, d’une espèce de supra-bureau de projets qui va être capable de travailler sur plusieurs projets en même temps », explique la députée de Louis-Hébert, emballée.
Après avoir traversé des moments « difficiles » notamment avec le troisième lien, « se doter d’une capacité à livrer des projets, moi, je trouve que c’est un legs merveilleux », se réjouit-elle.
Ultimement, la ministre des Transports continuera à rendre des comptes sur sa nouvelle agence.
« C’est important, oui, qu’il y ait un élu qui soit imputable, puis moi je serai imputable », assure-t-elle.
Sans vouloir trop entrer dans les détails, par crainte d’un outrage au Parlement, il lui apparaît déjà clair que le REM de l’Ouest restera chez CDPQ Infra et la ligne bleue du métro de Montréal à la STM.
LE RÉSEAU STRUCTURANT
Quant au réseau structurant à Québec, dont le sort sera précisé après que CDPQ Infra aura remis son rapport, en juin, Mme Guilbault semble davantage envisager une forme de « collaboration avec le bureau de projet » de la Ville de Québec et CDPQ Infra, si cette dernière le veut, puis éventuellement sa future agence.
Le plan B du maire Bruno Marchand, où la Ville reprendrait les commandes, n’est pas exclu non plus.
« Tout est possible en ce moment, mais on ne veut pas perdre de temps, juste pour être claire », assure la ministre.
« SE DOTER D’UNE CAPACITÉ À LIVRER DES PROJETS, MOI, JE TROUVE QUE C’EST UN LEGS MERVEILLEUX ! » – Geneviève Guilbault, ministre des Transports et de la Mobilité durable