Le Journal de Montreal

Plus d’impôts pour plus de services : l’illusion démasquée

- mario.dumont@ quebecorme­dia.com

Nous l’avons entendu plusieurs fois des gouverneme­nts : nous allons créer un impôt dédié ou une contributi­on spéciale en promettant que l’argent va « vraiment vraiment » aller à améliorer les services dans tel domaine. Ces jours-ci, l’argument est servi dans le dossier du transport collectif.

Un gouverneme­nt veut faire avaler la pilule d’une hausse d’impôt en y attribuant un nom racoleur. Il se réfugie derrière la promesse que les revenus nouveaux seront consacrés à améliorer de façon tangible un service public déficient. De la grosse politique ! Mettre une loupe sur le résultat espéré pour magnifier le bénéfice en espérant que le coût réel sera oublié...

Un sondage Léger vient de démontrer à quel point ces tentatives politiques ont du plomb dans l’aile. À la question « Êtes-vous en faveur de payer plus de taxes et d’impôts pour améliorer la qualité des services gouverneme­ntaux ? », 84 % répondent non. À peine 10 % disent y croire. Même parmi les électeurs de Québec solidaire, le parti le plus enclin à accroître le rôle de l’État, 23 % seraient prêts à payer, 68 % rejettent l’idée.

TROP TAXÉS

Ce sondage démontre plus globalemen­t que les trois quarts des contribuab­les sont convaincus de ne pas en avoir pour leur argent en services publics, par rapport aux impôts et taxes qu’ils paient.

Le citoyen/électeur/contribuab­le a donc compris que l’idée magique d’ajouter toujours plus d’argent dans les structures de l’État ne garantit pas du tout de recevoir de meilleurs services. L’État est une machine à dépenser, à ajouter des employés, à complexifi­er les procédures. Il est trop facile d’y injecter plus d’argent sans que le citoyen constate quelque différence dans les services reçus.

J’ai un bel exemple assez récent en tête : la contributi­on santé. Embêté par la crise financière mondiale, le gouverneme­nt libéral de Jean Charest avait ajouté en 2010 cette ligne au rapport d’impôt : chaque contribuab­le avec un minimum de revenus paierait 25 $ la première année, 100 $ la deuxième, puis 200 $ ensuite.

À terme, le nouvel impôt rapportera­it 1 milliard $ par an qui serait investi dans le réseau de la santé. Pendant leur passage au pouvoir, les péquistes ont transformé la contributi­on santé pour la rendre plus progressiv­e, pour tenir compte du revenu. De retour au pouvoir, les libéraux ont pris l’engagement de l’abolir, ce qui fut fait en 2018.

La contributi­on santé, cet impôt spécial, n’a jamais fait de différence en santé

MENSONGES

Les contribuab­les ont donc payé cette contributi­on santé de 2010 à 2018. Promis, juré, craché, l’argent était consacré à améliorer le réseau de la santé. Quelqu’un se souvient-il que les choses allaient mieux en santé durant ces huit années ? Une blague...

La contributi­on santé n’était qu’un prétexte de marketing politique pour arracher un peu plus d’impôt en s’appuyant sur la cause noble des soins de santé.

Avis à ceux qui rêvent d’une contributi­on spéciale pour le transport en commun. Plus d’impôt pour vous donner plus de services, la population n’y croit plus. Gérez !

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