Le Journal de Montreal

Les avocats des propriétai­res sont aussi fortement sollicités

- CLARA LOISEAU

Les avocats défendant les propriétai­res font face à une demande sans précédent alors que de plus en plus de locataires font valoir leurs droits.

« La demande n’a jamais été aussi forte, mais c’est normal, parce que les logements ont pris de la valeur et les locataires se battent beaucoup plus pour garder leur appartemen­t », explique Me Guy Audet, avocat en droit locatif qui représente des propriétai­res depuis près de 40 ans.

À la Corporatio­n des propriétai­res immobilier­s du Québec (CORPIQ), les appels explosent aussi.

« Notre départemen­t de servicesco­nseils est sous pression, est débordé et n’a jamais eu autant de questions de la part des membres », affirme Éric Sansoucy, directeur général de l’organisati­on.

« C’est difficile d’avoir des rendezvous au TAL [Tribunal administra­tif du logement] alors les propriétai­res se tournent beaucoup vers nous », explique M. Sansoucy.

MIEUX INFORMÉS

Et si les avocats font face à plus de demandes, c’est que les locataires sont mieux informés sur leurs droits, ce qui les pousse aussi à aller au TAL, souvent en compagnie d’un avocat, estime Me Audet.

« Pour équilibrer un peu les choses, les propriétai­res décident alors aussi de prendre un avocat pour se défendre », indique-t-il pour expliquer la demande.

Les chiffres le montrent d’ailleurs très clairement. En 2017-2018, 15,3 % des causes étaient représenté­es par des avocats, représenta­nt des locataires et des propriétai­res, alors qu’en 2023-2024, la proportion est montée à 22,9 %, selon les dernières données du TAL.

Depuis quelques années, ce sont particuliè­rement les causes de reprise de logement et de fixation de loyer, où locataires et propriétai­res peuvent être représenté­s par des avocats, qui sont nombreuses.

« Cette année, les demandes qui ont le plus explosé, ce sont celles en fixation de loyer. Les taux affichés [par le TAL] donnaient une bonne augmentati­on, donc il y a beaucoup de locataires qui ont contesté », affirme Me Mélanie Chaperon, qui défend des propriétai­res depuis 2004.

POUR LES ENFANTS DES PROPRIOS

Le constat est semblable au cabinet de Me Audet, qui remarque aussi la hausse des dossiers de reprise de logements.

« Rien que cette semaine, j’ai deux fixations de loyer et trois dossiers de reprise de logement devant le tribunal », affirme-t-il.

C’est parce que la crise du logement est aussi difficile pour les enfants de nombreux propriétai­res, expliquent les deux avocats.

« Ce sont beaucoup des adultes de 18 à 35 ans qui n’ont plus les moyens de se loger », poursuit Me Chaperon

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Me Guy Audet devant les bureaux du Tribunal administra­tif du logement de Montréal, situés au Village olympique.

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