Le défi d’une vie pour Joe Biden
Après un demi-siècle de politique et neuf campagnes victorieuses, dont six pour le Sénat et trois sur le ticket principal, Joe Biden affronte sa plus difficile campagne de réélection.
Même s’il peut compter sur sa vaste expérience, Biden se retrouve pour la première fois dans une situation où le fait d’être en poste est davantage un fardeau qu’un atout.
« L’ONCLE JOE »
L’expérience est un atout inestimable pour un politicien, mais avec l’expérience vient l’âge avancé, et celui de l’oncle Joe continue de soulever des craintes, qu’il parvient parfois à désamorcer par l’humour (voir la citation de la semaine).
Le président a su atténuer ces craintes, mais elles n’ont pas disparu. Heureusement, les roupillons de Trump à son procès rappellent que l’âge est un enjeu des deux côtés.
Biden a aussi une réputation de gaffeur. Même s’il a su contrôler le flot de maladresses récemment, il n’est jamais à l’abri d’une anicroche que les médias s’empresseront d’amplifier, alors que son opposant est immunisé contre de telles critiques.
UNE PENTE À REMONTER
À six mois de l’élection, Biden est dans une position difficile.
L’insatisfaction de l’électorat à son égard demeure un handicap et les sondages d’intentions de vote lui sont défavorables. L’avance de Trump a fondu, mais il l’emporterait vraisemblablement si l’élection avait lieu aujourd’hui. Les sondages n’auront pas de véritable valeur prédictive avant l’automne, mais c’est quand même préoccupant.
Malgré les accomplissements impressionnants de Biden, l’inflation est un lourd fardeau pour lui, et ce, même si la performance des États-Unis à ce chapitre est une des meilleures au monde.
Joe Biden a une pente abrupte à remonter et si cette élection était uniquement un référendum sur sa performance, il la perdrait.
DES ATOUTS EN RÉSERVE
Heureusement pour Biden, cette élection sera un choix et non un référendum.
Outre les signes d’affaiblissement de Donald Trump empêtré dans ses procès criminels et le cirque désolant des républicains au Congrès, Biden dispose d’atouts enviables.
D’abord, l’économie américaine est robuste. Étant donné la courte mémoire des électeurs, c’est bon signe. Le choc de l’inflation étant passé, les bons côtés de la reprise seront perçus plus clairement. Sur les enjeux sociaux, dont l’avortement et la santé, les démocrates ont déjà un net avantage.
Si les républicains font bien dans les sondages depuis quelque temps, les démocrates ont dépassé les attentes aux récentes élections. De plus, alors que les avocats de Trump siphonnent des sommes gargantuesques à sa campagne, qui tarde à s’organiser, les démocrates sont déjà à l’oeuvre sur le terrain.
L’actuel président part un peu en arrière, mais l’optimisme qu’on ressent dans ses prestations publiques n’a d’égal que l’aigreur et le pessimisme qu’on perçoit chez son opposant.
Joe Biden n’a pas dit son dernier mot.