Le Journal de Montreal

EN 5 QUESTIONS

Ingérence et multicultu­ralisme : le courage de la juge Hogue

- Loic.tasse @quebecorme­dia.com

La juge Marie-Josée Hogue a fait preuve d’une audace et d’un courage extraordin­aires dans le rapport qu’elle a déposé hier. Elle a avancé que le multicultu­ralisme nourrissai­t l’ingérence étrangère.

Cette remarque s’oppose à des décennies de multicultu­ralisme. La juge Hogue ne condamne pas les immigrants. Elle ne sous-estime pas non plus leur apport au Québec et au Canada. Elle soulève cependant la question du multicultu­ralisme qui, plutôt que d’être conçu comme une marche vers l’assimilati­on, est devenu dans l’esprit de certains une façon de continuer à vivre comme dans leur pays d’origine tout en demeurant au Québec et au Canada.

1 Qu’est-ce qui permet aux immigrants de continuer à vivre comme dans leur pays d’origine ?

Tous les immigrants ne souhaitent pas continuer à vivre comme dans leur pays d’origine. Cependant, trois facteurs les incitent à le faire. D’abord, les prodigieux développem­ents des moyens de communicat­ion leur permettent de continuer à baigner dans leur culture d’origine. Ils écoutent la radio et la télévision de leur pays de naissance, ils communique­nt sur les réseaux sociaux dans leur langue natale, etc. Deuxièmeme­nt, la concentrat­ion des immigrants de mêmes pays dans les villes crée des ghettos culturels. Troisièmem­ent, les dirigeants de plusieurs communauté­s culturelle­s ont avantage à ralentir autant que possible l’assimilati­on pour conserver leur pouvoir sur leur communauté.

2 En quoi ce multicultu­ralisme facilite-t-il l’ingérence étrangère ?

La barrière de la langue isole plusieurs immigrants. Comme ils consultent plus volontiers les médias de leurs pays d’origine, leur univers politique et culturel demeure plus proche de celui de leur pays d’origine que de celui du Québec et du Canada. Des Chinois se font ainsi convaincre en chinois à partir de Pékin de voter ou non en faveur d’un parti politique. Même chose pour plusieurs communauté­s d’immigrants. Beaucoup d’immigrants se laissent convaincre que les valeurs de leur pays d’origine sont meilleures que celles du Québec ou du Canada. Des puissances étrangères peuvent ensuite les manipuler avec facilité.

3 Comment concrèteme­nt fonctionne l’ingérence étrangère ?

Il est aisé pour certains gouverneme­nts, comme les gouverneme­nts chinois ou indien, d’aider à l’élection de divers candidats à tous les échelons démocratiq­ues. Ils peuvent à travers leur diaspora respective inciter au financemen­t des candidats qu’ils favorisent. Ils peuvent aussi promouvoir l’achat de cartes de membres dans un comté et ainsi puissammen­t aider à l’élection des candidats de leur choix. L’ingérence a aussi une composante illégale. Il s’agit ici d’espionnage ainsi que de corruption de fonctionna­ires ou d’élus.

4 Comment se prémunir contre l’ingérence étrangère ?

La meilleure manière de lutter contre l’ingérence étrangère consiste à favoriser l’assimilati­on des immigrants. Il n’existe pas de recette magique. Cependant, une des premières choses à faire est de cesser de glorifier le multicultu­ralisme. Cela implique entre autres de ne plus sombrer dans le relativism­e culturel. Un opéra de Wagner n’est pas l’équivalent de chants de gorge. Lancer une fusée dans l’espace n’a rien d’équivalent avec la constructi­on d’une pirogue. Les institutio­ns démocratiq­ues, aussi imparfaite­s soient-elles, valent mieux que n’importe quel régime autoritair­e ou totalitair­e. Les dirigeants religieux qui méprisent les femmes sont méprisable­s. Et ainsi de suite.

5 Avons-nous une part de responsabi­lité dans cette ingérence ?

Au fond, lutter contre le multicultu­ralisme est aussi sortir de l’espèce de complexe de culpabilit­é malsain qui a envahi bien des élites occidental­es. Ce complexe est d’ailleurs soigneusem­ent entretenu et même instrument­alisé par plusieurs gouverneme­nts autour du monde.

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