Le Journal de Montreal

Antidotes au découragem­ent

Autour de moi et dans les médias, je vois des gens courber l’échine face à l’état du monde. Découragés par tout ce qui va mal, ils se replient dans l’apathie.

- Écosociolo­gue et cofondatri­ce d’Équiterre laure.waridel@quebecorme­dia.com

Ça m’arrive parfois aussi. Le découragem­ent est un virus aussi puissant que contagieux. Il se transforme­ra en épidémie si on ne s’y attaque pas collective­ment.

Oui, mais comment ?

ENSEMBLE

J’ai parfois l’impression qu’on a oublié notre histoire.

Si on parle encore français au Québec, c’est parce que des gens se sont battus pour défendre notre langue et toute la culture qui vient avec. On a mis en place des règles et des lois pour la protéger ENSEMBLE.

Si on a un système de santé et d’éducation public, c’est parce que des gens l’ont imaginé et l’ont bâti avec persévéran­ce ENSEMBLE.

Si les droits des femmes, des travailleu­rs, des minorités et de l’environnem­ent sont mieux protégés au Québec que dans bien d’autres pays, c’est parce que des gens se sont battus ENSEMBLE.

Rien de tout cela n’est évidemment parfait, mais pendant des décennies on a quand même fait des progrès. Des progrès trop vite tenus pour acquis et aujourd’hui en danger.

ABATTRE LE CYNISME

À bien des égards, on s’est désengagés du collectif, happés par la montée de l’individual­isme et du consuméris­me qui se sont emparés de la planète.

On s’est mis à courir comme des hamsters chacun dans nos cages plus ou moins dorées. Pris dans un système qui carbure à l’exploitati­on environnem­entale et sociale à nous en rendre cyniques.

Un système qui valorise le « je » plus que le « nous ».

Pour sortir du découragem­ent autant individuel que collectif, on a intérêt à créer des liens entre nous les humains et avec la nature. Des liens qui font du bien.

C’est, à mon avis, le meilleur moyen de tisser un grand filet de sécurité, dans lequel rebondiron­t tous les découragés que nous sommes, chacun notre tour.

Parce qu’on est plus forts ensemble, ce sont aussi ces liens qui nous permettron­t de changer le système qui cause notre découragem­ent.

On l’a fait au Québec pendant la Révolution tranquille. C’est encore possible si on se mobilise ensemble pour dénoncer ce qui ne va pas et mettre de l’avant des solutions.

NOURRIR L’ESPOIR

Même si les défis sont complexes, des solutions, on en connaît plein. Pour réduire la taille de notre empreinte écologique. Pour prendre soin des humains de manière équitable. Pour contribuer à la paix dans le monde.

Ce qui manque, c’est de la volonté politique. Volonté qui naîtra si on prend notre découragem­ent à bras-lecorps et qu’on se mobilise ensemble autour de ce qui nous rassemble, ce que l’on aime, ce que l’on veut protéger.

Il y a plein de manières de le faire. Tant d’initiative­s dans lesquelles on peut s’impliquer et qui font du bien, à soi comme aux autres.

Le jour de la fête des Mères, les Mères au front organisent un grand rassemblem­ent artistique et politique pour qu’ensemble on protège nos enfants. J’y serai.

Je vous invite !

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