Un coup de poing essentiel sur les écrans
L’échange au Salon bleu est presque passé inaperçu.
François Legault a ridiculisé le chef du Parti Québécois qui proposait d’imposer une majorité numérique au Québec, comme l’ont fait la Floride et la France.
Le premier ministre aurait bien fait de jeter un oeil sur le rapport coup de poing remis par un comité d’experts au président de la France.
Le titre dit tout : « Enfants et écrans : À la recherche du temps perdu ».
Le constat est brutal : « La Commission a été bousculée par les constats qu’elle a eu à faire sur les stratégies de captation de l’attention des enfants, où tous les biais cognitifs sont utilisés pour enfermer les enfants sur leurs écrans, les contrôler, les réengager, les monétiser. »
On y comprend qu’interdire les cellulaires dans les classes est un coup d’épée dans l’eau. C’est l’ensemble de la société qui doit être interpellée.
UNE AFFAIRE D’ARGENT
Les nouvelles lignes directrices proposées ont certes fait les manchettes.
Aucun écran avant 3 ans, usage strictement encadré et limité avant 6 ans. Aucun téléphone avant 11 ans. Médias sociaux prohibés avant 15 ans. Et surtout, oubliez les Instagram et TikTok avant 18 ans !
De quoi donner le tournis à tous les parents d’adolescents !
Comment surmonter l’écartèlement des multiples responsabilités parentales sans la gardienne électronique pour les petits ?
« Donnez-leur un verre de gin ! » m’a répondu en riant le psychoéducateur et conférencier Marco Mailhot tout juste avant notre entrevue au Bilan.
Au fond, la tablette crée le même cycle de dépendance, la même boucle de récompenses dans le cerveau que l’alcool.
Les plateformes nous feront croire que leurs jeux éducatifs sont inoffensifs. En vérité, ils servent à créer une habitude qui sera ensuite plus facile à exploiter.
Loin de moi l’idée de prôner un retour au téléphone fixe avec un fil.
Mais rappelons que tous ces gadgets qui règnent sur nos vies ne servent qu’à une chose : faire faire de l’argent aux entreprises qui les ont conçus.
JEU DE BASE
Le premier ministre de la France a encaissé le coup de poing avec une phrase fort éloquente : « Tout le monde doit balayer devant sa porte. »
Ça veut dire repenser les écrans dans les écoles, certes.
Mais aussi, repenser à notre rôle d’adulte dans la vie des jeunes qui nous entourent.
La solution ? « Redonner du temps “humain” aux enfants et aux adolescents », nous expliquent les experts mandatés par l’Élysée.
« Les membres de la Commission ont acquis la conviction que la question des “écrans” ne devait pas masquer le débat plus large, et ô combien nécessaire, de la place, dans notre société vieillissante, des enfants et des adolescents, qui s’invisibilisent. »
C’est tellement vrai.
Nos enfants et nos jeunes ont besoin de jouer. Ils ont besoin de s’emmerder parfois pour développer leur créativité et leur curiosité.
Ils ont besoin qu’on laisse nos portables de côté pour les forcer à sortir de leur coquille d’ado.
Ils ont besoin qu’on cesse d’invoquer le prétexte de nos vies de fou pour les laisser se perdre dans leurs écrans.