Le Journal de Montreal

Quoi faire quand notre conscience nous retient d’agir ?

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Je vous écris parce que je navigue en eaux troubles. Comme je vous lis depuis longtemps, je fais appel à votre jugement. Rendue à 60 ans, je viens de renouer par internet avec mon premier chum, celui avec qui, à 14 ans, j’avais vécu ma première relation sexuelle.

Nous sommes mariés chacun de notre côté depuis 35 ans. Mais comme l’un et l’autre, nous traversons un désert sexuel avec nos conjoints respectifs ; lorsqu’on s’est retrouvés, on a ressenti un très fort désir l’un pour l’autre.

Il a tout de suite été honnête en me disant que jamais il ne quitterait sa femme, que c’était hors de question, et que si je n’acceptais pas cela, nous cesserions de nous texter pour retourner chacun à notre vie.

Je sais qu’il a raison. Mais d’un autre côté, je me dis que, comme ça fait deux ans que je n’ai plus aucune vie sexuelle à part la masturbati­on et que je n’en peux plus, je ferais mieux d’accepter ce qu’il m’offre, plutôt que de me contenter de rien.

Le pire, c’est que plus j’apprends à le connaître par nos échanges, plus j’ai envie de lui. J’en rêve la nuit. Comme je n’ai jamais trompé mon mari, il faut que ce soit fort avec lui pour me bouleverse­r comme ça. Je fais quoi ? Je fonce, ou je rentre au monastère le plus proche ?

Pour être franche avec vous, ce qui m’a retenue à date de faire le grand saut, c’est que j’ai un gros complexe physique. Habillée, ça passe encore, mais nue, c’est autre chose, puisque j’ai pris du poids, que mon ventre est pendant et couvert de vergetures.

Je suis à la croisée des chemins : ou bien je reste fidèle à mon mari qui, rendu à 70 ans, a le souffle court, est incapable d’avoir une érection, et refuse de me faire jouir autrement que par la pénétratio­n. Ou bien je fonce avec mon ex en doutant d’être capable de me laisser aller complèteme­nt, vu les barrières que mon corps risque de me mettre au moment de me laisser aller.

Anonyme

Si je comprends bien, dans le cas où vous n’auriez pas eu ce problème d’image avec votre corps, cette unionlà serait déjà consommée ? Ça élimine donc le problème de conscience face à votre mari, ou à tout le moins, ça le met en arrière-plan.

Il va falloir maintenant jauger ce qui a le plus d’importance pour vous, entre avoir à tout prix une relation sexuelle, considéran­t le besoin que vous en ressentez, et votre capacité à surmonter votre crainte de la nudité. Et là-dessus, je ne puis rien vous suggérer puisque je ne suis pas à votre place. À vous de jouer !

Croire peut-il changer la vie de quelqu’un ?

J’utilise l’en-tête de la première lettre de votre Courrier de ce matin, puisqu’encore une fois, je constate par les propos de la personne qui l’écrit, que ceux qui croient ne comprennen­t que leurs semblables. D’ailleurs, il a toujours été difficile pour les non-croyants et les croyants de discuter de ces choses entre eux.

De plus, il m’est arrivé souvent de remarquer que les non-croyants avaient toujours plus de respect pour les croyants que l’inverse. Je suis un non-croyant, plus exactement un athée, et je suis très heureux ainsi. Dans mon esprit, les sectes et les religions ne sont que de l’aplaventri­sme et du contrôle humain. S’ils sont heureux comme ça, tant mieux pour eux ! De notre côté, continuons notre belle vie heureuse et libérée.

Gilles Godin

À l’image de ma correspond­ante de ce matin, de nombreux croyants et croyantes sont restés accrochés au principe qu’on nous faisait avaler dans notre enfance voulant que « hors de l’Église, point de salut », en plus de nous faire miroiter le paradis à la fin de nos jours pour calmer notre angoisse de la mort.

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