Le bois et la préfabrication : combinaison gagnante face aux défis du logement?
Le Québec fait face à une crise persistante du logement, marquée par un déficit significatif de logements et une demande croissante qui dépasse l’offre disponible. Et si l’utilisation du bois dans la construction des futurs logements était la solution?
Pallier cette pénurie
En 2021, l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) a signalé un déficit de plus de 100 000 logements dans la province1. Pour pallier cette pénurie tout en maintenant l’abordabilité des constructions, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) estime que le Québec doit offrir plus de 620 000 logements d’ici 20302. Un chiffre astronomique qui suscite l’idée de la densification afin d’optimiser les bâtiments existants et de réduire l’étalement urbain. Cependant, construire un nombre aussi élevé de logements, dans un temps limité, soit six ans, demande une rapidité et une efficacité incroyables sur le chantier. Sans omettre les défis environnementaux auxquels fait face le secteur du bâtiment. L’utilisation du bois dans la fabrication de structures portantes telles que l’ossature légère, le lamellé-collé, ou le CLT, combiné à la préfabrication, répondent positivement à ces enjeux.
Le bois gagne du terrain dans les structures des bâtiments
L’ossature légère en bois est une méthode de construction qui utilise des éléments de bois légers (tels que des poutres, montants, etc.) pour créer la structure portante des bâtiments. L’assemblage de ces éléments en fait une structure légère capable de s’adapter aux contraintes de poids liées aux terrains. Dans un contexte où la densification urbaine est au coeur des politiques d’aménagement du territoire, la légèreté du bois offre, par exemple, l’avantage de permettre d’ajouter un étage à un bâtiment sans avoir à renforcer les fondations et la structure existantes. Notamment, l’édifice Complan est un bâtiment à bureaux auquel un cinquième étage en structure bois a été ajouté afin de minimiser le poids sur la structure existante en béton.
Le lamellé-collé est un matériau de construction constitué de plusieurs planches en bois parallèles, de faible épaisseur, collées ensemble. Ces éléments forment des poutres et des colonnes servant à la structure des bâtiments. Apprécié pour sa capacité à faire de longues portées, le lamellé-collé offre une flexibilité permettant ainsi d’être utilisé dans des designs architecturaux variés.
Le bois lamellé-croisé, communément appelé le « cross-laminated timber » ou le CLT, est un matériau de construction constitué de plusieurs planches en bois collées perpendiculairement les unes aux autres. Ces éléments sont généralement utilisés pour fabriquer des dalles de plancher, de toiture et des murs porteurs intérieurs ou extérieurs.
Ces trois types de structures, constitués de bois, proviennent d’une ressource naturelle, locale et renouvelable. En effet, le bois est un matériau de construction offrant une solution écologique au béton et à l’acier, et ce, en raison de sa plus faible empreinte de carbone. Plus précisément, les phases de récolte et de transformation du bois émettent moins de GES que celles associées à la production de béton et d’acier. Également, les produits en bois issus du démantèlement des bâtiments peuvent être recyclés ou réutilisés tels quels, ce qui évite de les retransformer et réduit ainsi les émissions de GES associées à la phase de démolition.
De la construction traditionnelle à la préfabrication
L’ossature légère, le lamellé-collé et le CLT, étant constitué de bois, un matériau qui se prête bien à la préfabrications, sont des éléments pouvant être préusinés ou préassemblés en usine, avant d’être transportés vers le chantier, pour y être assemblés plus rapidement et ainsi former une structure portante. Plusieurs avantages découlent de cette pratique. Tout d’abord, la légèreté du bois en fait un matériau facilement malléable et transportable. Également, le bois est facilement optimisable lorsqu’il est découpé, les pertes générées par les découpes peuvent être réintégrées dans la chaîne de production. Enfin, le bois est un matériau durable et résistant : bien traité, il garantit la solidité et la durabilité des éléments préfabriqués.
La préfabrication propose de nombreux bénéfices tels que des coûts réduits, une meilleure qualité et un environnement de travail sécuritaire. Également, la rapidité de construction sur le chantier qu’offre cette pratique permet d’accroître la densité urbaine sans compromettre la qualité de vie des résidents environnants. Par exemple, le projet Arbora, un bâtiment de trois établissements multi-résidentiels, a été construit avec une structure composée d’éléments en lamellé-collé pré-usinés.
Mais au-delà de ces avantages, la préfabrication répond aux enjeux environnementaux actuels en réduisant la quantité de déchets et la consommation énergétique sur le chantier, en diminuant les pertes de matériaux et en facilitant le démantèlement.
En somme, combiner l’utilisation de produits structurels en bois et la préfabrication dans les pratiques de constructions québécoises représente une solution durable face à la crise du logement et aux défis de densification urbaine tout en minimisant les retombées environnementales.
Par Laurie Pique, Conseillère technique — Construction durable en bois chez Cecobois
1Source : Quelle est l’ampleur du déficit de logements au Québec?, APCHQ, 2022.
2Source : Pénurie de logements au Canada : Estimation des besoins pour résoudre la crise d’abordabilité des logements au Canada d’ici 2030, SCHL, juin 2022.