Encore plus d’usagers de la santé vivent la détresse
Hausse inquiétante des tentatives de suicide dans les établissements de soins
Un nombre grandissant d’usagers tentent de s’enlever la vie durant leur séjour à l’hôpital ou dans un autre établissement du réseau de la santé. Le phénomène est symptomatique d’une hausse de la détresse dans la population, affirme une experte.
Le plus récent rapport sur les incidents et accidents survenus dans les établissements de santé pointe vers une tendance inquiétante.
Les hôpitaux, CHSLD et autres centres de soins ont rapporté 722 tentatives de suicide/suicide en 2022-2023, en hausse de 19 % sur deux ans.
Le rapport ne précise pas combien de passages à l’acte se sont soldés par un décès, mais on note que 82 tentatives ont mené à des conséquences graves, allant de séquelles permanentes jusqu’à la mort.
Il s’agit d’une hausse troublante de 71 % par rapport à l’année 2020-2021.
Bien entendu, le nombre d’usagers a crû durant cette période, mais la proportion des incidents est également plus importante aujourd’hui que par le passé.
Selon les recherches du Journal , le ministère de la Santé ne comptabilisait pas ce type de données avant 2020.
Heureusement, le nombre de décès par suicide demeure historiquement bas au Québec passant d’environ 20 par 100 000 habitants à la fin des années 1990 à 12,7 en 2022, dernière année disponible.
COMME DANS LA POPULATION
Le taux de visites aux urgences en raison d’idées suicidaires connaît une augmentation depuis 2021, après avoir diminué de façon importante à compter de 2015, selon le document Les comportements suicidaires au Québec : portrait 2024 publié par l’Institut national de santé publique du Québec.
« Ce n’est pas surprenant que cette hausse-là qu’on voit dans la population générale se remarque également chez les gens qui reçoivent des services de santé », note Christine Genest, professeure agrégée à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal. Celle-ci offre des formations de prévention aux infirmières.
IDÉES SUICIDAIRES
D’ailleurs, une recension des cinq plus récents cas étudiés par le Bureau du coroner démontre que, bien souvent, la personne s’était justement présentée à l’hôpital en raison d’idées suicidaires.
Malgré les mesures mises en place, trois d’entre eux ont réussi à échapper à la surveillance du personnel, le temps de commettre l’irréparable. Dans deux autres cas, il s’agit de patients qui venaient de recevoir un pronostic sombre.
Par exemple, une dame de 91 ans a préféré mettre fin à ses jours en apprenant qu’elle ne pourrait retourner vivre à la maison, auprès de son mari, après avoir fait une mauvaise chute. Dans son cas, l’aide médicale à mourir n’était pas une option envisageable, lui avait-on expliqué.
Plusieurs intervenants notent également une hausse de l’angoisse chez les jeunes et des idées suicidaires chez les 15 à 34 ans.