Le Journal de Montreal

Gabriel NadeauDubo­is a ses propres carrés rouges

- Chroniqueu­se politique

Ce que révèlent les dernières déchirures au sein de Québec solidaire, c’est que la formation politique a atteint un certain degré de maturité et se trouve à un carrefour décisif.

CEUX QUI VEULENT GOUVERNER

D’un côté, il y a ceux qui soutiennen­t le parti et voient en lui plus qu’un simple mouvement de protestati­on contre le capitalism­e sauvage. Ils considèren­t plutôt Québec solidaire comme un véhicule politique légitime ayant le potentiel d’accéder au pouvoir. Les partisans de cette vision comprennen­t qu’en chemin, il faudra être prêt à faire des compromis et à prendre des décisions.

LES RÉVOLUTION­NAIRES

De l’autre côté, il y a les gauchistes convaincus. Leur objectif n’est pas de prendre le pouvoir, mais d’avoir toujours raison, en toutes circonstan­ces. Ils sont idéalistes et ne veulent pas que Québec solidaire vende son âme au diable pour accéder au pouvoir. Ils rejettent ce qu’ils considèren­t comme un embourgeoi­sement de l’aile parlementa­ire du parti et se revendique­nt du terrain, du monde réel et du peuple véritable.

Le problème de GND est qu’il a commencé avec le second groupe et, au fil des années, s’est retrouvé avec le premier. Au fil de son engagement militant et parlementa­ire, il a compris que les conviction­s ne suffisaien­t pas si l’on ne faisait pas tout pour avoir le pouvoir de les exprimer dans la politique publique. Il a commencé comme un ancien carré rouge qualifié de radical et s’est retrouvé, des années plus tard, avec ses propres carrés rouges radicaux.

PARI RISQUÉ

Que faire, alors ? Céder devant les jusqu’au-boutistes ou faire le pari de la recherche du pouvoir ? Le choix n’est pas évident, d’autant moins que les risques liés à l’une ou à l’autre des options sont énormes. Une chose est sûre : maintenir Québec solidaire comme un mouvement de gauche revendicat­eur, parfois enclin au jovialisme et au radicalism­e, rappellera­it les années de militantis­me de GND, notamment lors du printemps étudiant. Une image qui ne lui a pas toujours été bénéfique et qu’il a réussi à faire oublier.

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