Le Journal de Montreal

Des règles plus souples que celles de la Ville

- JEAN-LOUIS FORTIN Bureau d’enquête

Si l’OCPM a pu garder confidenti­el le contrat pour son site web, c’est qu’il suivait ses propres règles d’octroi de contrats, plus permissive­s que celles de la Ville de Montréal et des autres organismes qui lui sont liés.

Notre Bureau d’enquête a pu consulter la politique de l’OCPM, datée d’octobre 2018, alors que Dominique Ollivier présidait l’organisati­on.

Cette politique prévoyait notamment que les contrats de plus de 100 000 $ pouvaient être donnés par un appel d’offres sur invitation plutôt qu’un appel d’offres ouvert à tous. De plus, on n’y retrouve aucune obligation de rendre publics les contrats de plus de 25 000 $.

La Loi sur les cités et villes obligeait à l’époque les organismes municipaux à tenir un appel d’offres public pour les contrats de plus de 100 000 $, et à publier sur le Système électroniq­ue d’appel d’offres (SEAO) ceux de plus de 25 000 $.

« À tort ou à raison, sous l’ancienne administra­tion, l’OCPM n’a pas affiché sur le SEAO les contrats de plus de 25 000 $ qu’elle a octroyés », nous a écrit Philippe Bourke, l’actuel président par intérim de l’OCPM.

Il ajoute que « la nouvelle direction de l’OCPM travaille actuelleme­nt à mettre en place des encadremen­ts exemplaire­s en matière de gouvernanc­e et de gestion ».

ÇA S’APPLIQUE OU PAS ?

La Ville indique que ce n’est que depuis les changement­s législatif­s de décembre 2023 (à la suite de nos reportages) que l’OCPM est « soumis aux mêmes obligation­s, politiques et encadremen­ts que les autres services corporatif­s de la Ville. »

Auparavant, « l’OCPM était un organisme distinct […] et n’était pas assujetti à l’obligation de publicatio­n des contrats […] qui comportaie­nt une dépense d’au moins 25 000 $ », selon le porte-parole Gonzalo Nunez.

Nicholas Jobidon, professeur agréé à l’École nationale d’administra­tion publique, croit toutefois que les règles qui s’appliquaie­nt à la Ville auraient toujours dû s’appliquer à l’OCPM.

« Si l’Assemblée nationale n’a rien prévu et que l’Office […] dépense des fonds publics, on va présumer que les règles applicable­s à l’organisme qui lui donne son budget, dans ce cas-ci la Ville de Montréal, s’appliquent », affirme-t-il.

NE LEUR PARLEZ PAS

Dominique Ollivier, pour sa part, affirme que ses avocats lui ont demandé de ne pas répondre à nos questions, compte tenu de la poursuite de 1,7 M$ qu’elle a intentée contre Québecor dans la foulée de nos enquêtes publiées l’automne dernier.

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