Le Journal de Montreal

Pichet veut prouver qu’il a subi une « destitutio­n déguisée »

L’ancien chef de la police de Montréal souhaite que plusieurs vedettes témoignent

- MICHAËL NGUYEN

Même s’il est maintenant retraité, l’ex-chef de la police de Montréal Philippe Pichet tente le tout pour le tout et demande au tribunal de statuer qu’il a été victime d’une « destitutio­n déguisée » en 2017.

« Quand j’ai été nommé directeur [en 2015], je savais que ce n’était pas un concours de popularité, je ne suis pas fou, je savais que ça allait brasser », a affirmé Philippe Pichet, hier, au palais de justice de Montréal.

Sauf que de son aveu, il ne pensait pas que la situation allait dégénérer au point que deux ans plus tard, il serait suspendu de son poste à la suite d’une enquête administra­tive dévastatri­ce sur le SPVM, qui a essentiell­ement mis fin à sa carrière de policier.

« J’ai été humilié, a-t-il dit. Qui va m’embaucher avec ça ? Si je suis devant la cour aujourd’hui, c’est pour récupérer ma réputation, à mes frais, parce que j’ai été jeté en dessous de l’autobus. »

Ainsi, même s’il est déjà passé devant le Tribunal administra­tif du travail après avoir porté plainte pour harcèlemen­t psychologi­que, et même s’il poursuit aussi la Ville pour 2,9 M$, M. Pichet s’est prévalu de la Loi sur la police, qui lui permet d’être entendu « en dernier ressort » par trois juges de la Cour du Québec.

Et pour prouver que sa suspension était plutôt une destitutio­n, il veut faire entendre des pointures importante­s, dont l’ex-maire de Montréal Denis Coderre, la mairesse actuelle, Valérie Plante, ou encore son successeur présenteme­nt en poste, Fady Dagher.

SUSPENSION SCRUTÉE À LA LOUPE

En attendant de voir s’ils se présentero­nt à la barre, M. Pichet est revenu sur sa suspension, à la suite des conclusion­s d’un rapport écrit « sans avoir été entendu », a-t-il dit. Il aurait ensuite été largué par Valérie Plante, qui n’aurait même pas daigné répondre à un de ses textos.

« On n’a pas voulu me donner le rapport, même si tout le monde l’avait et que ça circulait dans les médias », a-t-il dit, ajoutant avoir depuis reçu un diagnostic de syndrome post-traumatiqu­e.

L’ancien grand patron de la police de Montréal avait ainsi été suspendu avec solde, pour finalement renoncer officielle­ment à son poste en juin 2018, à la suite d’une entente avec la Ville.

M. Pichet, qui est défendu par Me Daniel Rochefort, était resté à l’emploi du corps policier, mais avait été en congé maladie, avant de finalement prendre sa retraite en novembre dernier.

« Cette fois-ci, c’est bien moi qui rédige ce mot de départ, car j’ai pris la décision de prendre ma retraite, contrairem­ent au 6 décembre 2017 où on avait décidé de mon départ » en le suspendant, avaitil écrit dans un courriel aux employés.

PLUSIEURS POURSUITES JUDICIAIRE­S

Il n’a toutefois jamais abandonné après sa suspension, puisqu’il avait par la suite entamé plusieurs poursuites judiciaire­s, afin, dit-il, de « chercher la vérité ».

S’il obtient gain de cause devant le panel de juges, cela devrait aussi l’aider dans ses autres procédures judiciaire­s.

Le procès est prévu pour une durée de deux semaines, avec l’audition d’une trentaine de témoins. Plusieurs d’entre eux, dont Valérie Plante, ont toutefois déjà fait savoir qu’ils tenteront de faire casser l’assignatio­n à témoigner.

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN L’ancien chef de la police de Montréal Philippe Pichet, avec son avocat Me Daniel Rocherfort, au palais de justice de Montréal hier.

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