Le Journal de Montreal

Un projet de loi pour lutter contre l’ingérence étrangère

Le fédéral veut créer un registre et donner plus de pouvoirs aux espions

- GUILLAUME ST-PIERRE

OTTAWA | Le gouverneme­nt Trudeau a déposé un très attendu projet de loi qui mettrait sur pied un registre d’agents étrangers forçant certaines personnes à s’enregistre­r auprès du fédéral, sous peine de sanctions.

Ce registre était une demande de longue date de certains experts en renseignem­ent qui y voient une façon de lutter contre l’ingérence étrangère.

Le projet de loi déposé par le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, modifie aussi plusieurs lois visant à renforcer les pouvoirs des espions canadiens ou encore à créer de nouvelles infraction­s criminelle­s en lien avec l’ingérence étrangère.

« Aujourd’hui, l’ingérence étrangère est une des plus grandes menaces qui pèsent sur notre souveraine­té, notre prospérité économique et notre mode de vie », a déclaré M. LeBlanc.

REGISTRE

Le registre serait la responsabi­lité d’un tout nouveau commissair­e à la transparen­ce en matière d’influence étrangère.

Certaines personnes qui concluent des « arrangemen­ts » avec des pays étrangers pour faire du lobbying, se mêler au processus démocratiq­ue ou encore distribuer de l’argent devront s’y inscrire.

Ce nouveau registre public ne touche pas les diplomates ni les employés consulaire­s, qui sont déjà reconnus par le gouverneme­nt fédéral.

Il pourrait s’appliquer, par exemple, à ceux qui travaillen­t officieuse­ment pour la Chine en sol canadien, dans le but de poursuivre ses intérêts.

Le grand patron du renseignem­ent canadien, David Vigneault, a affirmé par le passé qu’une mesure semblable constituai­t un outil « important » pour améliorer la transparen­ce qui ne réglerait toutefois « pas tous les problèmes ».

Ottawa réfléchiss­ait à la mise sur pied de ce registre depuis 2021.

HONNI PAR PÉKIN

Le débat entourant la création d’un registre d’agents étrangers a été la source de la plus importante tentative connue d’ingérence étrangère durant les élections de 2021, selon Marie-Josée Hogue, qui préside la Commission sur l’ingérence étrangère.

Le candidat conservate­ur de la région de Vancouver, Kenny Chiu, était un des premiers et plus ardents défenseurs d’un tel registre.

Sa croisade lui a valu une intense campagne de désinforma­tion à laquelle la Chine aurait participé et qui aurait potentiell­ement coûté la victoire au candidat conservate­ur, a noté la juge Hogue.

D’AUTRES MESURES

La réforme libérale promet aussi de mettre en place de nouvelles infraction­s, visant ceux qui adopteraie­nt une conduite « subreptice ou trompeuse » dans l’intérêt d’un gouverneme­nt étranger envers tout corps législatif du Canada comme des villes et des provinces et même envers la « gouvernanc­e scolaire », du primaire à l’université.

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PHOTO D’ARCHIVES AFP Le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc.

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