Le Journal de Montreal

Plus de 40 échecs pour conduire un véhicule d’urgence

- OLIVIER LAROSE-DESNOYERS Bureau d’enquête

Une Québécoise a pu reprendre son examen pour conduire un véhicule d’urgence après y avoir échoué à plus de 40 reprises au cours des dix dernières années.

« Je ne peux pas croire que c’est un nombre aussi grand ! » s’exclame Bertrand Godin, ancien coureur, expert en conduite automobile et également instructeu­r pour l’École nationale de police de Québec.

Selon des données de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) obtenues en vertu de la loi d’accès à l’informatio­n, la femme ayant entre 46 et 50 ans a fait ses examens à Lanaudière. Sa première tentative remonte à 2013.

« Avoir le 4A [permis de conduire un véhicule d’urgence], c’est un peu une blague », affirme M. Godin.

Depuis 2018, neuf personnes ont échoué à dix reprises ou plus à leurs tests théoriques, confirme

Anthony Bérubé, porte-parole et relationni­ste pour la SAAQ.

Il ajoute que certaines personnes ont finalement réussi leurs tests après plus de dix tentatives.

« Aucune personne n’a obtenu son permis de conduire après avoir effectué 19 tentatives ou plus à cet examen », précise M. Bérubé.

PAS DE SURPRISE

Afin d’obtenir un permis pour conduire des véhicules de police, d’ambulance ou de pompier, une personne doit posséder un permis pour les véhicules de promenade depuis au moins 24 mois, doit passer un test visuel, une évaluation médicale et un examen théorique à choix multiples.

Michel Crépeau, vice-président directeur à l’École du routier profession­nel du Québec, n’est pas « surpris » de voir un chiffre aussi élevé lorsqu’on se base sur les autres données publiées récemment.

L’an passé, notre Bureau d’enquête a appris qu’une femme avait échoué à 120 reprises à son examen théorique pour conduire une auto et qu’un homme avait raté 71 fois son test pour les apprentis camionneur­s.

Présenteme­nt, aucune évaluation pratique n’est exigée afin d’obtenir un permis pour conduire un véhicule d’urgence.

Les deux experts s’entendent : ils suggèrent à la SAAQ d’imposer un test pratique pour la classe 4A.

« La conduite d’urgence, c’est beaucoup plus qu’un examen théorique », estime Bertrand Godin.

Il propose à la société d’État de faire des examens pratiques avec des simulateur­s.

Michel Crépeau recommande, pour sa part, qu’un examen de conduite soit exigé selon le type de véhicule que la personne désire conduire dans son milieu de travail.

La SAAQ ne ferme pas la porte à l’imposition d’une épreuve pratique.

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PHOTO D’ARCHIVES BERTRAND GODIN Expert en conduite automobile

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