Le Journal de Montreal

Moins de produits d’hygiène achetés

34 % des Québécois font ce choix pour leur budget

- DIANE TREMBLAY

La situation économique rattrape les Québécois jusque dans leur intimité puisque 34 % d’entre eux estiment avoir été obligés de réduire, pour des raisons budgétaire­s, la consommati­on de produits d’hygiène comme le déodorant, le dentifrice et même le papier de toilette.

C’est du moins ce qu’a révélé hier un sondage Léger effectué sur le web auprès de 1063 Québécois âgés de 18 ans ou plus, du 29 au 31 mars 2024, pour le compte de l’organisme à but non lucratif Vide ta sacoche.

Selon Caroline Roy, vice-présidente Bureau de Québec chez Léger, ces nouvelles données ont de quoi lever un drapeau jaune.

« En France, ils avaient exactement le même résultat, 34 %, en 2023. Ils viennent de sortir leur indice pour 2024 et ce chiffre est passé à 50 % », a affirmé Mme Roy qui parle d’une « injustice silencieus­e » pour décrire ce problème.

« On a un comparable avec ce qui se passe en Europe. Pour nous, c’est une première mesure que l’on pourra suivre dans le temps », a-t-elle ajouté.

PIRE CHEZ LES JEUNES ADULTES

Si plus d’une personne sur trois (34 %) a dû limiter sa consommati­on de produits d’hygiène en raison du contexte économique, cette proportion grimpe à plus d’une personne sur deux (56 %) chez les jeunes adultes de 18 à 34 ans.

« On voit la fragilité qui s’installe au niveau de la précarité hygiénique. Ce n’est pas rien dans une société comme la nôtre », a exprimé Mme Roy.

D’après le sondage, 19 % des répondants affirment avoir eu à choisir entre l’achat de produits d’hygiène et l’achat de nourriture (5 % « toujours » oui et 14 % « parfois » oui).

La situation est telle, raconte Mme Roy, que certaines personnes seraient contrainte­s de voler du papier de toilette dans les lieux publics. Même chose pour le savon à main.

« C’est un enjeu qui est silencieux. On voit les files qui s’allongent dans les banques alimentair­es. On parle beaucoup de la précarité du logement, mais au niveau hygiénique, c’est beaucoup plus gênant », a continué Mme Roy, qui a accepté d’être la présidente d’honneur de la septième campagne Vide ta sacoche qui aura lieu en octobre prochain.

« On voit que le pouvoir d’achat diminue vraiment beaucoup. Il faut faire des choix et lorsqu’on est rendu à avoir de la difficulté à acheter du savon ou à l’étirer le plus possible, il est temps d’alerter. »

Pour la fondatrice et directrice générale de Vide ta sacoche, Marie-Anik Shoiry, les personnes qui renoncent ou qui n’ont pas accès à des produits hygiénique­s sont plus susceptibl­es de subir de l’exclusion sociale.

L’année dernière, 4000 trousses contenant des produits d’hygiène ont été distribuée­s par l’organisme.

Cette année, l’objectif est de 5000 trousses afin de répondre à un maximum de demandes d’aide possible.

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PHOTO ADOBE STOCK Le dentifrice fait partie des produits que des Québécois achètent moins pour des raisons budgétaire­s.

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