Le juge menace de nouveau Trump de prison
L’ex-président des États-Unis aurait notamment critiqué la rapidité de la sélection du jury dans une entrevue
NEW YORK | (AFP) Le juge au procès pénal de Donald Trump à New York a de nouveau menacé hier l’ex-président américain de prison pour avoir violé son interdiction d’attaquer verbalement les témoins et les jurés.
Au terme d’une nouvelle journée de débats, les procureurs ont indiqué tabler sur encore environ deux semaines pour entendre le reste des témoins dans ce procès inédit pour un ancien président américain.
« Ils veulent deux ou trois semaines de plus », s’est indigné le candidat républicain à la présidentielle de novembre face au sortant démocrate, Joe Biden, dénonçant une fois de plus une « ingérence électorale ».
« Et le juge est bien content de leur donner trois semaines de plus parce qu’ils veulent tous m’éloigner de la campagne », a-t-il ajouté.
À l’ouverture de l’audience dans la matinée, le juge Juan Merchan a condamné Donald Trump à une amende de 1000 $ « pour avoir violé son ordre en faisant des commentaires publics sur le jury et la façon dont il a été sélectionné », selon sa décision écrite. Il l’a aussi averti que de futures infractions seraient « passibles d’incarcération ».
SÉLECTION DU JURY
En cause, une entrevue dans laquelle le prévenu critiquait la rapidité de la sélection du jury, achevée en une semaine, et sa composition présumée, dans une ville très majoritairement démocrate.
Poursuivi dans quatre procédures pénales distinctes, Donald Trump cherche par ses multiples recours à passer en jugement le plus tard possible.
Ce procès à New York, d’une ampleur moindre, notamment par rapport à son inculpation par la justice fédérale à Washington pour tentatives illégales d’inverser les résultats de la présidentielle de 2020 remportée par Joe Biden, pourrait donc être le seul jugé avant l’élection du 5 novembre.
Dans cette affaire, pour laquelle il risque une condamnation et, en théorie, jusqu’à une peine de prison, il est poursuivi pour 34 falsifications de documents comptables qui auraient servi à dissimuler un paiement de 130 000 $.
Cette somme avait servi, dans la dernière ligne droite du scrutin présidentiel de 2016, remporté sur le fil face à Hillary Clinton, à acheter le silence de l’ancienne actrice porno Stormy Daniels sur une relation sexuelle qu’elle affirmait avoir eue avec le magnat de l’immobilier en 2006.
Une liaison que Donald Trump, alors déjà marié avec son actuelle épouse, Melania, nie catégoriquement.
DES « FRAIS JURIDIQUES »
Les 130 000 $ avaient été versés par son avocat de l’époque, Michael Cohen, via une société-écran. Il avait été remboursé en 2017 par la Trump Organization, des dépenses maquillées en « frais juridiques », d’où les poursuites pour falsifications de documents comptables.
Depuis son ouverture le 15 avril, le procès alterne moments de dramaturgie judiciaire et arides séquences très techniques.
REMBOURSEMENT DE COHEN
L’audience de vendredi avait ainsi été marquée par les larmes de Hope Hicks, ancienne responsable de la communication de Donald Trump, qui a raconté la « crise » causée par la diffusion d’un vieil enregistrement de propos vulgaires du milliardaire sur les femmes.
Celle d’hier a porté sur le remboursement de Michael Cohen, dont un dirigeant de la Trump Organization, Jeffrey McConney, a exposé les modalités par le menu. Puis Deborah Tarasoff, de la comptabilité de la Trump Organization, lui a succédé à la barre, s’expliquant notamment sur deux talons de chèque de 35 000 $ chacun.
La semaine dernière, le juge Merchan avait infligé à Donald Trump 9000 $ d’amende, soit 1000 dollars par infraction, pour s’en être pris publiquement aux témoins et jurés en marge de son procès et avait déjà menacé de l’envoyer en prison en cas de récidive.