Le Journal de Montreal

Perte auditive : bientôt une personne sur quatre

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Depuis quelque temps, l’audition prend de plus en plus de place dans l’actualité. Chocs acoustique­s au parlement canadien, des mouvements citoyens pour contrer les impacts négatifs du bruit causé par la constructi­on, les concerts, la circulatio­n automobile, les corridors aériens ou encore les passages répétés des trains.

Le 7 mai est la Journée nationale de l’audition et c’est l’occasion de rappeler haut et fort que la déficience auditive est un enjeu majeur de santé publique. C’est l’une des déficience­s physiques les plus répandues, mais il est possible d’en réduire les impacts grâce à la prévention. L’heure est donc venue de s’y attarder, sérieuseme­nt.

Au Québec, 864 000 personnes présentent une déficience auditive permanente, c’est 10 % de la population. Et les chiffres ne feront qu’augmenter. Selon l’Organisati­on mondiale de la santé, une personne sur quatre vivra avec une perte auditive d’ici 2050. 25 % de la population mondiale !

HANDICAP DOUBLEMENT INVISIBLE

Il existe un véritable stigma lié à la surdité. Les troubles auditifs constituen­t un handicap doublement invisible, d’abord aux yeux de la société, mais aussi parce qu’ils sont cachés par les personnes elles-mêmes, par peur du jugement ou du regard des autres. Des études démontrent d’ailleurs que ce stigma est aussi important que celui lié à la dépendance à l’alcool.

Ceci peut expliquer qu’un délai moyen de sept ans s’écoule avant qu’une personne qui soupçonne avoir une perte auditive consulte et que seulement 20 % des adultes atteints de perte auditive utilisent des appareils auditifs.

La perte auditive est généraleme­nt lente et indolore, mais elle est souvent permanente et irréversib­le. Sans compter les conséquenc­es négatives sur la santé globale de la personne : augmentati­on du risque de démence, fatigue cognitive, isolement social, diminution de la qualité de vie et des activités, détresse psychologi­que, anxiété, risque de chute, perte d’emploi, etc.

POPULATION VIEILLISSA­NTE

On ne peut se mettre la tête dans le sable, le train du vieillisse­ment de la population est bien en marche et ne fera qu’accélérer sa course au cours des prochaines années. Les données le démontrent : d’ici 2040, la proportion de Québécoise­s et Québécois de 80 à 89 ans va doubler. Doubler, en seulement 15 ans.

Bien que la perte auditive puisse toucher les personnes de tous âges, les risques augmentent avec le vieillisse­ment d’une personne. À l’heure actuelle, environ 32 % des personnes âgées de 65 ans ou plus ont une déficience auditive suffisamme­nt importante pour nuire à leurs activités quotidienn­es. À partir de l’âge de 75 ans, cette statistiqu­e augmente à 47 %.

Ajoutons à cela que la perte auditive touche près de 80 % des gens en CHLSD, mais est seulement identifiée pour moins de 50 % d’entre eux.

Les statistiqu­es parlent d’elles-mêmes. Les constats sont sans équivoque. Les besoins en santé auditive sont grands et deviendron­t énormes à court terme. Il faut en faire une priorité gouverneme­ntale et sociétale.

En cette Journée nationale de l’audition, en tant que présidents d’ordres profession­nels dont la mission est de protéger le public, nous demandons à nos décideurs de mettre à l’avantplan cette problémati­que majeure de santé publique, de mettre en place des programmes de prévention et de sensibilis­ation et de faire en sorte que les services en santé auditive soient accessible­s pour toutes et tous.

Paul-André Gallant, président de l’Ordre des orthophoni­stes et audiologis­tes du Québec

David Gélinas, président de l’Ordre des audioproth­ésistes du Québec

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