Le Journal de Montreal

Les façons de faire d’Air Canada sont encore une fois dénoncées

Les remboursem­ents de taxes des no-shows difficiles à obtenir, affirme un avocat

- JULIEN MCEVOY

Air Canada se distingue « encore » pour les mauvaises raisons, tente de prouver un avocat de Montréal. De toute l’industrie aérienne, ce serait le transporte­ur qui donne le plus de fil à retordre aux clients qui ont raté leur vol et qui ont droit à un petit remboursem­ent.

« Où sont ces dizaines de millions de dollars?» demande Me Joey Zukran, à la tête du cabinet LPC avocats, dont le tableau de chasse affiche déjà Dollarama, Tim Hortons, Bell, Uber et d’autres.

Sa demande d’autorisati­on d’exercer une action collective s’intéresse aux taxes qu’un transporte­ur doit rembourser aux passagers qualifiés de no-show, ceux qui ratent leur vol.

Règle générale sur Terre, de 3 % à 6 % des billets d’avion finissent en no-show. C’est ce que démontre une étude de la Commission européenne citée par LPC dans sa poursuite.

Le transporte­ur à la feuille d’érable vend pour 20 milliards $ de billets par année. À 3 %, l’hypothèse est de 600 millions $ payés dans le vide.

11 TAXES DIFFÉRENTE­S

La poursuite raconte l’histoire d’un no-show qui a payé 291,31 $US pour un aller-retour Miami-Montréal en avril 2023. Le prix inclut 91,31 $ US pour 11 taxes et frais divers.

La taxe de transport des États-Unis à 15 $ US n’est pas remboursab­le, selon la loi, mais celle de 25,95 $ US pour les améliorati­ons aéroportua­ires et la TVQ de 2,59 $ US le sont.

Au total, huit des 11 taxes ou 62,21 $ US sont remboursab­les. Les taxes changent selon le pays où mène le billet, les ÉtatsUnis dans ce cas-ci.

Le contrat de vente ainsi que les « conditions générales » du aircanada.ca indiquent quelles taxes seront remboursée­s si le client en fait la demande.

Mais bonne chance pour trouver le formulaire sur le site d’Air Canada, plaide Me Zukran. Le transporte­ur ferait tout en son possible pour qu’il soit introuvabl­e.

Air Canada « déclare de manière concluante que le billet n’est pas remboursab­le et cache dans un autre document (auquel le consommate­ur n’est que renvoyé) » que certaines taxes sont remboursab­les en cas de no-show , dit la poursuite.

PIRE QUE TOUS LES AUTRES

Les passagers no-show de Transat, Westjet ou Porter n’auraient pas ce problème. On leur indiquerai­t dès le départ comment récupérer leur dû.

« Les clients d’Air Canada doivent deviner que les taxes sont remboursab­les », illustre Joey Zukran.

L’avocat se demande pourquoi l’entreprise ne rembourse pas automatiqu­ement les taxes en jeu. Il veut aussi savoir si « ces millions de dollars gardés dans les coffres d’Air Canada » servent à générer des intérêts pour les actionnair­es.

Le Journal a demandé au transporte­ur où est cet argent. L’entreprise évite la question.

« Nous rembourson­s à nos clients ce que nous devons leur rembourser, en vertu de la loi applicable et de nos conditions générales de transport », a déclaré un porte-parole. « Chaque cas doit être traité individuel­lement », ce qui rendrait impossible un remboursem­ent automatiqu­e des taxes applicable­s en cas de no-show.

Air Canada fera ses représenta­tions « en temps et lieu devant la Cour ».

Les clients à qui le transporte­ur n’a pas remboursé les taxes applicable­s à la suite d’un no-show peuvent consulter la section à ce sujet du site de LPC (www.lpclex.com/fr/aircanada-noshow/).

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