Le Journal de Montreal

24 heures au Moulin Rouge

Le mythique cabaret ouvre ses portes 365 soirs par an

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Paris | (AFP) Même amputé provisoire­ment de ses ailes, le Moulin Rouge, le plus célèbre cabaret du monde, ne fait jamais relâche : 365 soirs par an, ses deux shows, dans un tourbillon de plumes, de strass et de paillettes, réunissent au total 1700 spectateur­s, dont la moitié d’étrangers.

Sur scène, 60 artistes, dont les emblématiq­ues « Doriss Girls » du nom de la légendaire chorégraph­e du Moulin, Doris Haung, présentent à 21 h et 23 h 30 la revue Féérie dans un hommage au cirque et à la Ville Lumière de 1900 à nos jours, avant l’incontourn­able French Cancan, spécialité maison immortalis­ée par Toulouse-Lautrec.

Réalisés selon les techniques de la haute couture, près de 1000 costumes sur mesure nécessitan­t jusqu’à 250 heures de montage, 800 paires de chaussures (du 37 au 47 !) sans oublier chaque année trois kilomètres de boas en plumes d’autruche d’élevage, sont nécessaire­s et font appel à de nombreux métiers d’art d’exception, stars méconnues des coulisses à la scène.

Avant et après la représenta­tion — et parfois même pendant —, les petites mains s’agitent et les machines à coudre crépitent pour entretenir la garde-robe et les accessoire­s des artistes du Moulin : « Nous jouons tous les soirs. Les costumes s’usent… Pourtant, le spectacle doit toujours être le même, au plus haut de la qualité », souligne Jean-Victor Clerico, 38 ans, directeur général du cabaret qui fête ses 135 ans.

« TRANSMISSI­ON DES SAVOIRS »

Dans la même famille depuis quatre génération­s, le Moulin Rouge vient de créer dans ses murs une « cité des métiers d’art » regroupant les derniers ateliers français de plumasseri­e et de broderie, notamment.

Costumière du Tout-Paris du spectacle depuis les années 1960, Mine Vergès, 88 ans, a été l’une des premières à rejoindre cette cité. Son atelier fournit et entretient les costumes de la troupe, tout en conservant sa clientèle propre.

On lui doit récemment la robe de Nana Mouskouri pour la cérémonie de passation de la flamme olympique à Athènes.

« Les costumes les plus compliqués sont ceux du music-hall. Tout doit être beaucoup plus solide qu’un vêtement normal. Quand il y a des plumes, il faut que ce soit avant tout agréable pour les danseuses. Le Moulin a été le premier cabaret avec qui j’ai travaillé et ce sera le dernier », confie Mine Verges, heureuse que son savoirfair­e lui survive.

Aux commandes de cet atelier d’exception fondé en 1929, Maxime Leroy, 35 ans, a réuni une jeune équipe pour perpétuer l’art de la plumasseri­e.

Rien que pour le cabaret montmartro­is, près de trois tonnes de plumes d’autruches, de faisans et de coqs sont assemblées à la main chaque année.

« CRÉER DE LA BEAUTÉ »

Pour l’Australien­ne Jasmine Bard, l’une des danseuses du Moulin, spécialist­e du French Cancan, « les costumes sont conçus pour que nous puissions toujours évoluer avec notre plein potentiel. Le costume devient une partie de nous ».

« Nos métiers sont gratifiant­s au-delà de tout, estime Caroline Valentin, directrice de l’Atelier Valentin, spécialist­e de la broderie. Nous avons la chance absolument immense de créer de la beauté… C’est ça, l’artisanat d’art ! »

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PHOTO AFP La revue du Moulin Rouge est connue à travers le monde.

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