Le Journal de Montreal

Jongler pour le plaisir... et l’argent au cirque de la rue

Une intersecti­on près du Stade olympique égaie les automobili­stes après l’hiver

- AXEL TARDIEU

Le spectacle éphémère des jongleurs près du Stade olympique fait sourire des centaines d’automobili­stes chaque été en attendant que le feu passe au vert.

Certains désignent l’intersecti­on du boulevard Pie IX et de la rue Sherbrooke « le petit cirque de la rue » ou « le coin des jongleurs ». Dany Coté, lui, préfère l’appeler « le très prestigieu­x Cirque Olympique de Montréal, où les spectacles sont gratuits ».

Face au Stade olympique, ce technicien du Cirque du Soleil fait voler ses quilles depuis mars à cette intersecti­on.

Sur les quatre jongleurs présents ce mardi matin ensoleillé de mai, on compte un Chilien, un Brésilien, un Mexicain et un Québécois.

« J’étais en accident de travail et je n’avais pas grand-chose à faire. J’habite pas loin, alors j’avais vu les autres jongleurs, je me suis dit : “Je pourrais essayer ça”. Je me suis mis à aimer ça », explique Dany Coté.

De nature introverti­e, ce Québécois était gêné les premiers jours, mais après deux mois, il compte bien venir tous les jours s’offrir en spectacle pendant quatre heures si la météo le permet.

« Ça fait du bien à mon poignet blessé en plus, c’est comme de la physiothér­apie », assure-t-il.

ÇA PEUT ÊTRE PAYANT

Si la gentilless­e des automobili­stes l’encourage à continuer, l’argent est aussi une raison de revenir pratiquer ses numéros d’environ 30 secondes.

« En quatre heures, je vais [gagner] 120 $, 130 $, dit Dany Coté. Je n’ai pas l’impression de quémander, mais de donner un spectacle. Je leur enlève un peu le stress du trafic. »

De l’autre côté de la rue, face à l’entrée du Jardin botanique, Nicolas Arevena Miller distrait aussi les conducteur­s. À 24 ans, ce Chilien jongle à cette intersecti­on pour le deuxième été consécutif.

« En trois heures, je peux gagner 200 $ », avoue Nicolas. Cette intersecti­on l’aidera à payer les 8000 $ de frais de l’École de cirque de Québec, qu’il intégrera en août.

PREMIER ARRIVÉ, PREMIER SERVI

Entre ces jongleurs, la cohabitati­on se passe bien. Une seule règle à respecter : premier arrivé, premier servi.

Un autre artiste, mexicain cette fois, passe à vélo. Il reviendra finalement plus tard pour prendre la place d’un autre.

Il remplacera le Brésilien Alexsandro Tancler qui pratique depuis 30 ans.

« Tous les matins ensoleillé­s, je suis à ces lumières. L’après-midi, je suis massothéra­peute et le soir, je vais à l’école pour améliorer mon français », explique-t-il.

« L’argent est bon, mais le plus important, c’est de démocratis­er l’art, de le rendre accessible à tous, souligne Alexsandro Tancler. La rue, c’est parfait pour ça. Le Cirque du Soleil, c’est trop cher. »

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PHOTOS AGENCE QMI, AXEL TARDIEU Le Brésilien Alexsandro Tancler vient à cette intersecti­on plusieurs matins par semaine pendant l’été, quand il fait beau.

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