Le Journal de Montreal

Des virus transporté­s par les tiques qui menacent le Québec

- ANNE-SOPHIE POIRÉ

Les conséquenc­es de la migration des population­s de tiques ne se limitent pas à la transmissi­on de la maladie de Lyme.

Ces acariens traînent avec eux d’autres bactéries, virus et parasites tout aussi dangereux qui commencent à gagner du terrain au Québec, dans un contexte de changement­s climatique­s.

« La maladie de Lyme, ce n’est que la pointe de l’iceberg. On va voir bien d’autres maladies émerger dans les prochaines années », prévient le microbiolo­giste et infectiolo­gue au CIUSSS de l’Estrie-CHUS, Alex Carignan.

« Quand on parle des changement­s climatique­s, ça demeure parfois abstrait. Mais les maladies infectieus­es sont des exemples concrets de leur impact sur les humains », ajoute celui qui dirige la Chaire de recherche sur la maladie de Lyme et les infections émergentes de l’Université de Sherbrooke, dévoilée mardi.

Pour l’heure, l’Estrie est l’épicentre de la maladie de Lyme au Québec. Près de 60 % des cas y sont déclarés.

Une dizaine de régions administra­tives ont enregistré des cas de l’infection en 2022, selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

NOUVELLES INFECTIONS

Le chercheur et son équipe seront chargés de traquer l’apparition des nouveaux pathogènes afin de mieux les prévenir.

« La Chaire est en réaction à la maladie de Lyme, mais elle permettra d’être en avance par rapport à d’autres infections, transporté­es par les tiques pour la plupart […] qui font la file pour éventuelle­ment infecter la population québécoise », explique-t-il.

Il cite la maladie de Powassan, dont il a été témoin d’un cas, causée par le virus du même nom, qui provoque une encéphalit­e ou une méningite souvent mortelle, ou encore la babésiose, une infection parasitair­e semblable à la malaria qui s’attaque aux globules rouges.

L’anaplasmos­e, une infection bactérienn­e potentiell­ement mortelle dont les symptômes s’apparenten­t à ceux de la COVID-19, fait déjà son chemin depuis plus de trois ans dans la province.

Entre 2021 et 2022, 64 cas ont été signalés, selon l’INPSQ, dont 47 en Estrie.

Pour surveiller l’évolution de la maladie de Lyme et l’émergence de ces nouvelles infections, la Chaire suivra de près un groupe de personnes piquées par des tiques – ainsi que la tique ellemême – en temps réel.

Pour se protéger de ces maladies, les experts recommande­nt de porter des vêtements longs lors d’activités de plein air, d’appliquer du chasse-moustiques, de rester dans les sentiers et d’inspecter son corps au retour à la maison.

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ALEX CARIGNAN Microbiolo­giste et infectiolo­gue

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