Le Journal de Montreal

Les députés doivent être mieux protégés

Les indépendan­tistes sont particuliè­rement la cible de menaces, s’inquiète Pascal Bérubé 40 ans après la tuerie

- MARC-ANDRÉ GAGNON Bureau parlementa­ire

Quarante ans après la fusillade à l’Assemblée nationale, il y a encore des efforts à faire pour protéger les parlementa­ires, plaide le député Pascal Bérubé, qui constate que la menace est encore plus forte pour les indépendan­tistes.

Pascal Bérubé n’était qu’en troisième année, le 8 mai 1984, lorsqu’un forcené lourdement armé a fait trois morts et 13 blessés à l’Assemblée nationale (voir autre texte).

Le tireur s’était rendu jusqu’au Salon bleu, dans l’intention de s’en prendre au gouverneme­nt péquiste de René Lévesque.

« Il avait ciblé le gouverneme­nt du Parti Québécois et son premier ministre », a rappelé le député de Matane-Matapédia, avant que l’Assemblée nationale commémore ce triste anniversai­re, hier matin.

DEUX ATTENTATS CONTRE LE PQ

« J’ai revécu des éléments similaires en 2012 avec l’attentat contre la première ministre Pauline Marois, et ça a été un cruel rappel pour ceux qui ont vécu les deux événements », a relaté M. Bérubé.

Pour le Parti Québécois, l’attentat contre Pauline Marois n’était donc pas une première, mais une « deuxième fois », a-t-il observé.

Ces deux attentats démontrent en quelque sorte que « les menaces ont toujours été plus élevées à l’égard du Parti Québécois », a dénoncé M. Bérubé, en point de presse.

Pourquoi ? Parce que « les indépendan­tistes ont un projet de changer le statut du Québec », a-t-il expliqué.

REHAUSSER LA SÉCURITÉ

Pascal Bérubé milite aujourd’hui pour offrir « une meilleure sécurité » à l’ensemble des parlementa­ires, à l’Assemblée nationale comme à l’extérieur de l’enceinte parlementa­ire.

« Il faut pas être naïfs : nous vivons dans un monde dangereux. Il y a des menaces qui pèsent sur les parlementa­ires », a signalé le député de Matane-Matapédia.

« Je suis un de ceux qui pensent qu’on devrait faire des efforts supplément­aires pour protéger les députés de l’Assemblée nationale. [...] N’attendons pas qu’il arrive quelque chose », a-t-il insisté.

Invités à réagir aux propos de M. Bérubé, les députés du PLQ Frédéric Beauchemin et Madwa-Nika Cadet ont indiqué pour leur part qu’ils se sentent en sécurité.

Les indépendan­tistes sont-ils plus menacés, selon eux ? « Non », a rétorqué sans hésiter Mme Cadet. « Moi, je n’ai pas cette perception-là que le fait d’être indépendan­tiste soulève plus de risques », a dit la députée de Bourassa-Sauvé.

HOMMAGE ET MINUTE DE SILENCE

La présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, a souligné hier que d’importants efforts ont été déployés pour améliorer la sécurité du campus parlementa­ire, dans les dernières années.

Avant une minute de silence, Mme Roy a invité la garde d’honneur de l’Assemblée nationale à déposer une gerbe de fleurs au Salon bleu en guise de « symbole du deuil collectif » rattaché à la tuerie du 8 mai 1984.

Les chefs des quatre partis ont également pris la parole au Salon bleu, pour rendre hommage aux victimes et rappeler à quel point le sergent d’arme René Jalbert est devenu, ce jour-là, un véritable héros québécois, en parvenant à convaincre le tireur de laisser les gens quitter le Salon bleu, puis éventuelle­ment de se livrer aux policiers.

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES ?? Dans la matinée du 8 mai 1984, Denis Lortie (à droite) entrait lourdement armé dans l’hôtel du Parlement, à Québec, avant l’ouverture des débats. Il a tué trois employés de l’Assemblée nationale et en a blessé 13 autres en se dirigeant vers le Salon bleu. Après quatre heures de négociatio­ns, le sergent d’armes René Jalbert (à gauche) est parvenu à persuader Lortie de se rendre à la police.
PHOTOS D’ARCHIVES Dans la matinée du 8 mai 1984, Denis Lortie (à droite) entrait lourdement armé dans l’hôtel du Parlement, à Québec, avant l’ouverture des débats. Il a tué trois employés de l’Assemblée nationale et en a blessé 13 autres en se dirigeant vers le Salon bleu. Après quatre heures de négociatio­ns, le sergent d’armes René Jalbert (à gauche) est parvenu à persuader Lortie de se rendre à la police.

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