La nouvelle loi 101 crée un casse-tête au collège Dawson
Les étudiants devront passer l’épreuve uniforme de français pour avoir un diplôme
Élèves à risque d’échec, cours de français pour certains profs, possibles licenciements et contestations judiciaires des autochtones : la réforme de la loi 101 cause tout un casse-tête pour la direction du collège Dawson.
Le plus important cégep anglophone de Montréal met les bouchées doubles pour se conformer à la nouvelle Charte de la langue française, mais de l’aveu même de sa directrice générale, la commande est importante.
« On a dû réviser tous nos programmes et tous nos profils dans les programmes », confie Diane Gauvin, en entrevue.
Les nouvelles exigences apportées par l’adoption du projet de loi 96 prévoient que tous les élèves, sauf les « ayant droits » issus de la minorité historique anglophone, devront désormais réussir l’épreuve uniforme de français pour obtenir leur certificat d’études.
À compter de l’automne prochain, les élèves devront aussi suivre trois cours de leur programme en français, sauf les « ayants droit », qui pourront plutôt choisir des cours de français langue seconde, s’ils le souhaitent. « Derrière un enfant troublé, il y a un parent qui a totalement dérapé », déplore Joseph Facal.
« TRÈS INQUIETS »
Mais déjà, la directrice générale appréhende les résultats de la première épreuve uniforme de français, qui surviendra en décembre prochain.
Plusieurs étudiants, souligne-t-elle, ont fait leur parcours scolaire en anglais dans le système privé non subventionné, et donc soustrait à la Charte. D’autres sont des allophones arrivés au Québec récemment, qui n’ont jamais étudié en français.
« On est très inquiets […] On a des cohortes qui sont un peu des cobayes, au départ », explique Mme Gauvin.
Si les résultats sont trop mauvais, Dawson envisage de rehausser ses exigences de maîtrise du français lors des prochaines admissions.
Mais comme le fait remarquer Mme Gauvin, ces étudiants ne réussiront pas mieux dans le réseau francophone et devront soit abandonner leurs études supérieures, soit se tourner vers l’Ontario.
Les nouvelles exigences obligeront aussi certains enseignants anglophones à suivre eux-mêmes des cours de français, afin d’obtenir de maîtriser suffisamment la langue pour enseigner leur matière.
« On ne parle pas de profs qui ne parlent pas du tout français ou qui ont un niveau très bas. On parle de ceux qui ont juste besoin d’une petite poussée », souligne Diane Gauvin.