Le Journal de Montreal

Trop colonisés pour se plaindre !

- Communicat­eur, spécialist­e de l’histoire

Qui peut croire que la situation du français a progressé et s’est améliorée depuis un an au Canada ? Ce qui n’a de cesse de croître et de s’aggraver, c’est la léthargie des francophon­es. À force de se plaindre dans le vide, on apprend à se taire.

Ainsi donc, le nombre de plaintes pour les accrocs à la très peu observée loi sur le bilinguism­e des organismes fédéraux a chuté de moitié, nous apprenait le commissair­e aux langues officielle­s à Ottawa, Raymond Théberge, hier.

En 2022-2023, il y a eu

1788 plaintes.

En 2023-2024, il y en a eu seulement 847.

Pourquoi cette baisse ?

Eh bien, parce qu’il n’y a pas eu de scandale retentissa­nt l’an dernier, contrairem­ent à la précédente où le fier unilingue anglophone Michael Rousseau, président d’Air Canada, avait fâché les endormis en vantant les qualités de Montréal où un homme comme lui pouvait vivre en anglais seulement...

Il y a aussi eu la nomination d’une gouverneur­e générale, Mary Simon, qui ne parle pas le français.

LÉTHARGIE

Cela permet à des délinquant­s notoires comme Air Canada d’espérer voir le nombre de plaintes baisser seulement en s’obstinant à ne PAS respecter l’obligation du service en français jusqu’à ce que les francophon­es se lassent et se soumettent linguistiq­uement.

Côté québécois, je pourrais aussi désigner l’inerte Office de la langue française où, comme tant d’autres, je ne prends plus la peine d’écrire pour signaler les accrocs à la loi. À quoi bon si ça ne mène à aucune action ?

RÉSIGNATIO­N

On prend le découragem­ent collectif des francophon­es, qui baissent les bras quand leur langue est bafouée, pour de l’assentimen­t.

N’est-ce pas le signe que ça ne va pas si mal que ça pour le français au Canada si ses locuteurs prennent moins souvent la peine de se plaindre ?

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