Coupable de délit de fuite mortel
L’automobiliste qui avait happé la petite Mariia s’est confondu en excuses à la mère de la victime pour son geste
L’automobiliste qui avait mortellement happé une petite réfugiée ukrainienne de 7 ans a plaidé coupable de délit de fuite mortel hier, ce qui devrait lui valoir de la prison à domicile tandis que la mère de l’enfant pourra cheminer dans son deuil.
« Ce qui était primordial pour elle, c’est qu’il reconnaisse qu’il aurait dû rester [sur les lieux de l’accident], on ne sent pas d’animosité de sa part », a expliqué Me Sylvie Dulude du ministère public, au palais de justice de Montréal.
Juste avant, Juan Manuel Becerra Garcia, 46 ans, plaidait coupable de délit de fuite mortel, à la suite d’un accident tragique survenu le 13 décembre 2022 dans le quartier Sainte-Marie.
Ce jour-là, la petite Mariia Legenkivska s’en allait à l’école à pied. Sauf qu’en traversant à une intersection, elle a été frappée par un véhicule Jeep Grand Cherokee conduit par Becerra Garcia.
« Le soleil était éblouissant à ce moment », a expliqué la Couronne, en indiquant qu’il avait fait son arrêt obligatoire.
L’accusé, qui avait « senti une bosse », a toutefois continué son chemin, après n’avoir rien vu dans ses rétroviseurs.
AVEUGLEMENT VOLONTAIRE
« Une personne diligente aurait dû descendre de son véhicule et aller voir ce qui se passe », a expliqué Me Éric Coulombe de la défense en expliquant que son client avait fait preuve d’aveuglement volontaire.
La triste affaire avait secoué le Québec, d’autant plus que l’enfant et sa mère venaient de fuir la guerre en Ukraine pour s’installer à Montréal.
Le débat sur la sécurité routière avait également été relancé, notamment en lien avec la visibilité à bord de véhicules utilitaires sport, ou encore la protection des piétons dans les rues de la métropole.
Après l’accident, Becerra Garcia s’est ensuite rendu à un rendez-vous chez le dentiste.
IL AVAIT TOUT DE SUITE COLLABORÉ
Mais après, il s’est rendu à la police de Longueuil pour leur annoncer qu’il avait « peut-être eu un accident ».
Son véhicule n’était pas endommagé, mais à la suite de vérifications, il s’est avéré que c’était lui qui était recherché.
« Sa collaboration a permis à l’enquête de se résoudre plus rapidement », a ajouté la Couronne, en précisant que personne n’avait noté le numéro de plaque d’immatriculation.
Assise dans la salle d’audience avec une interprète ukrainienne, la mère de la petite Mariia, Galyna Legenkovska, a écouté l’audience avec attention.
Elle n’a toutefois pas souhaité s’adresser à la cour, car pour elle, c’est le plaidoyer de culpabilité qui était important.
EXCUSES À PROFUSION
Elle a toutefois pu entendre Becerra Garcia, un père de deux enfants, se confondre en excuses pour son crime.
« À cause de cet accident, j’ai causé une douleur irréparable dans vos vies, a-t-il laissé tomber, émotif. Je tiens à présenter mes plus sincères excuses, même si je sais qu’aucun mot ne pourra changer ce qui s’est passé, ni alléger le poids d’avoir perdu votre fille. »
À la suggestion des parties, il devrait écoper d’une année de prison à purger à domicile, suivi d’une probation d’un an, en plus d’une interdiction de prendre le volant pendant deux ans.
Le juge Pierre E. Labelle rendra sa décision en juin.