Le Journal de Montreal

En famille d’accueil à3ansàcaus­ede parents criminels

- LAURENT LAVOIE

Un enfant de trois ans a récemment été confié à une famille d’accueil parce que ses parents tremperaie­nt dans le crime organisé, un cas rarissime qui relance le débat sur la protection des enfants grandissan­t dans le monde interlope.

« La Directrice [de la protection de la jeunesse] a déposé une abondante preuve documentai­re visant notamment à démontrer les liens étroits de chaque parent avec des individus au profil inquiétant liés au crime organisé », lit-on dans une récente décision de la juge Annick Bergeron.

La magistrate a déclaré au palais de justice de Saint-Hyacinthe que l’enfant faisait l’objet de « négligence » sur le plan éducatif et que sa sécurité était compromise.

SOINS PARTICULIE­RS

Notons que le garçonnet nécessite une attention particuliè­re au quotidien, souffrant d’eczéma et d’allergies alimentair­es sévères. Comme l’identité de l’enfant est protégée par la loi, aucune informatio­n permettant de l’identifier ne peut être révélée.

D’ailleurs, par précaution, les coordonnée­s de la famille qui héberge le petit depuis quelques mois sont inconnues des parents.

Si l’on ignore la raison qui a forcé initialeme­nt l’interventi­on des autorités, la situation est si grave que la mère de l’enfant « vit avec une crainte permanente de devoir se protéger ».

« Son ancien conjoint a été assassiné en 2015 par arme à feu. La mère est elle-même victime d’une tentative de meurtre quand elle se recueille sur sa tombe », rapporte le jugement.

En 2022, sa voiture a été ciblée par un coup de feu alors qu’elle se rendait dans un commerce.

ARMES, DROGUE ET MENACES

Sa vie a pris une autre tournure rocamboles­que lorsqu’elle s’est présentée dans un poste de police pour « récupérer » l’arme à feu d’un « ami » qui avait été saisie lors d’une interventi­on policière dans un bar.

Celle qui a reconnu avoir consommé de la cocaïne dans le passé a toutefois assuré au tribunal vouloir « changer de vie », souhaitant que le père en fasse autant.

Selon ses dires, il vivrait « des produits de la prostituti­on de sa conjointe ».

L’homme a lui aussi été victime d’une tentative de meurtre dont les circonstan­ces n’ont pas été précisées en cour.

Il s’était alors rendu chez la maman du bambin en panique, mais elle a refusé de l’héberger, « car elle craignait pour la sécurité de son fils ».

Actuelleme­nt, les parents qui sont séparés auront droit à des rencontres organisées avec leur fils.

L’intégrité physique des enfants se trouve souvent dans l’angle mort du monde criminel, souligne Me Valérie Assouline, spécialisé­e en droit de la famille et de la jeunesse.

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