En famille d’accueil à3ansàcausede parents criminels
Un enfant de trois ans a récemment été confié à une famille d’accueil parce que ses parents tremperaient dans le crime organisé, un cas rarissime qui relance le débat sur la protection des enfants grandissant dans le monde interlope.
« La Directrice [de la protection de la jeunesse] a déposé une abondante preuve documentaire visant notamment à démontrer les liens étroits de chaque parent avec des individus au profil inquiétant liés au crime organisé », lit-on dans une récente décision de la juge Annick Bergeron.
La magistrate a déclaré au palais de justice de Saint-Hyacinthe que l’enfant faisait l’objet de « négligence » sur le plan éducatif et que sa sécurité était compromise.
SOINS PARTICULIERS
Notons que le garçonnet nécessite une attention particulière au quotidien, souffrant d’eczéma et d’allergies alimentaires sévères. Comme l’identité de l’enfant est protégée par la loi, aucune information permettant de l’identifier ne peut être révélée.
D’ailleurs, par précaution, les coordonnées de la famille qui héberge le petit depuis quelques mois sont inconnues des parents.
Si l’on ignore la raison qui a forcé initialement l’intervention des autorités, la situation est si grave que la mère de l’enfant « vit avec une crainte permanente de devoir se protéger ».
« Son ancien conjoint a été assassiné en 2015 par arme à feu. La mère est elle-même victime d’une tentative de meurtre quand elle se recueille sur sa tombe », rapporte le jugement.
En 2022, sa voiture a été ciblée par un coup de feu alors qu’elle se rendait dans un commerce.
ARMES, DROGUE ET MENACES
Sa vie a pris une autre tournure rocambolesque lorsqu’elle s’est présentée dans un poste de police pour « récupérer » l’arme à feu d’un « ami » qui avait été saisie lors d’une intervention policière dans un bar.
Celle qui a reconnu avoir consommé de la cocaïne dans le passé a toutefois assuré au tribunal vouloir « changer de vie », souhaitant que le père en fasse autant.
Selon ses dires, il vivrait « des produits de la prostitution de sa conjointe ».
L’homme a lui aussi été victime d’une tentative de meurtre dont les circonstances n’ont pas été précisées en cour.
Il s’était alors rendu chez la maman du bambin en panique, mais elle a refusé de l’héberger, « car elle craignait pour la sécurité de son fils ».
Actuellement, les parents qui sont séparés auront droit à des rencontres organisées avec leur fils.
L’intégrité physique des enfants se trouve souvent dans l’angle mort du monde criminel, souligne Me Valérie Assouline, spécialisée en droit de la famille et de la jeunesse.