Le Journal de Montreal

Impossible de trouver un logis à cause de ce chien miniature

Le couple de personnes âgées de la Mauricie a essuyé une cinquantai­ne de refus

- MARIE-LAURENCE DELAINEY Agence QMI

Un couple d’aînés malades et à faible revenu de Shawinigan qui doit déménager vit un stress immense après avoir essuyé une cinquantai­ne de refus pour trouver un logement abordable acceptant aussi son petit chien.

« Je suis presque en train de faire un burn-out, j’ai de la misère à marcher avec mes jambes, l’arthrose, faire les boîtes, c’est stressant déménager », s’inquiète Francine Joly, 76 ans.

Son conjoint de 68 ans, Robert Boisclair, et elle remuent ciel et terre depuis un mois pour trouver un nouveau toit. Le 4 1⁄2, aucune charge comprise, où ils demeurent à Shawinigan passera de 614 à 689 $ le 1er juillet. Une augmentati­on sous prétexte de l’inflation, auraient dit les propriétai­res, qui ont refusé de commenter la situation quand nous les avons contactés.

Si le prix semble bas comparativ­ement à d’autres villes, impossible pour les deux aînés, qui n’ont que leur pension de vieillesse comme revenu, d’assumer cette augmentati­on de 12 %.

« Sinon, on va être à la gorge. Il va falloir couper sur l’épicerie, le linge, quelque part », explique Mme Joly.

UN « PETIT » PROBLÈME

Jusqu’à maintenant, ils ont contacté une cinquantai­ne de propriétai­res de logements en Mauricie et à Drummondvi­lle, où ils aimeraient aussi s’établir, en vain. Chaque fois, le problème est Daisy, leur petit shih tzu, hypoallerg­ène.

« Ça fait un gros mois que je passe sur l’ordinateur sans arrêt, des fois le soir, je me couche à minuit, d’habitude à 21 h 30 je suis couchée. Je laisse une note et le lendemain, j’espère trouver une réponse, mais non, on n’accepte pas les animaux », déplore la septuagéna­ire.

Selon la Corporatio­n des propriétai­res immobilier­s du Québec, un propriétai­re sur quatre permettrai­t la présence de chiens. Même si le couple admet que les options sont réduites surtout en contexte de pénurie, il n’est pas question d’abandonner Daisy.

« Elle nous a sauvé la vie. Lui a eu un infarctus, des caillots au coeur, cinq déblocages en six mois, il avait besoin de quelque chose pour lui remonter le moral. Moi j’ai été très malade aussi, j’étais trop inquiète pour lui. On pense moins à ce qui se passe, avec l’amour qu’on lui donne. »

HAUSSE ABUSIVE ?

Le Tribunal administra­tif du logement suggère une augmentati­on d’environ 4 % pour les logements en 2024. La porte-parole du Front d’action populaire en réaménagem­ent urbain, Véronique Laflamme, soutient que le couple serait en droit de contester cette augmentati­on.

« C’est clairement une hausse abusive. À Shawinigan, les loyers augmentent à cause de la spéculatio­n immobilièr­e. Les personnes âgées font partie de celles qui ont les revenus les plus bas, sont particuliè­rement vulnérable­s dans le contexte de pénurie. Malheureus­ement parfois, elles n’ont pas le goût de se battre. »

C’est en effet une bataille que le couple n’a pas envie de mener.

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PHOTO AGENCE QMI, MARIE-LAURENCE DELAINEY Francine Joly, Robert Boisclair et leur shih tzu prénommé Daisy sont incapables de trouver un logement qui accepte le chien.

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