Le Journal de Montreal

Un ancien député a été blâmé injustemen­t

Le Commissair­e à l’éthique a reconnu son tort dans le dossier de l’ex-caquiste

- GABRIEL CÔTÉ

Le blâme de l’Assemblée nationale contre Claude Surprenant alors qu’il était député devrait être annulé. C’est ce que conclut l’ex-juge chargée de réexaminer la réprimande formulée par le Commissair­e à l’éthique, alors qu’il a été victime des allégation­s mensongère­s d’une ancienne collaborat­rice.

« Je viens d’en prendre connaissan­ce, j’en ai des frissons. Je suis content, très content. C’est un bon travail indépendan­t de la juge à la retraite », s’est réjoui Claude Surprenant en entrevue.

En décembre dernier, la commissair­e à l’éthique, Ariane Mignolet, avait reçu le mandat de l’Assemblée nationale de déterminer si les « éléments nouveaux » dans le dossier de l’ancien élu caquiste justifiaie­nt une nouvelle enquête.

Ces « éléments nouveaux » étaient d’une importance considérab­le. Julie Nadeau, l’ex-attachée politique de M. Surprenant, a été condamnée en novembre à une peine de prison pour fraude et parjure. D’août 2014 à décembre 2015, elle avait détourné plus de 8000 $ du bureau de comté de M. Surprenant vers son compte personnel.

Or, cela a conduit en 2017 à une enquête et éventuelle­ment à un blâme éthique à l’endroit de Claude Surprenant, le tout sur la base du témoignage de... Julie Nadeau elle-même.

Ariane Mignolet s’était donc pliée à la volonté des parlementa­ires et avait mandaté une commissair­e ad hoc, Dominique Bélanger, pour se pencher sur le dossier.

ANNULER LA RÉPRIMANDE

Au terme de son analyse, Mme Bélanger conclut que les « faits nouveaux » ne justifient pas la réouvertur­e de l’enquête, mais elle estime qu’ils ont « un impact sur la sanction recommandé­e » puisqu’ils « apportent un éclairage fort différent de celui qu’avait le commissair­e de l’époque sur la question de la gestion financière du bureau de circonscri­ption, la crédibilit­é du député Surprenant et a fortiori sur la recommanda­tion d’une sanction ».

La commissair­e ad hoc recommande donc que la réprimande à l’endroit de Claude Surprenant soit tout simplement annulée et que la conclusion du rapport de 2017 soit « réputée non écrite », de même que les parties du rapport contenant le témoignage de Julie Nadeau.

CE N’EST PAS FINI

Même s’il est aujourd’hui soulagé, Claude Surprenant souligne que l’affaire n’est pas complèteme­nt terminée.

« Il me reste à voir comment les élus vont se positionne­r sur la question. À partir de là, je me fais différents scénarios pour la suite des choses », explique-t-il.

L’ancien député réclame actuelleme­nt des excuses de l’Assemblée nationale et une compensati­on financière de 2 millions $.

« Je ne vais pas laisser tomber. Le préjudice financier, il est réel, je l’ai subi, et il devra être compensé », dit M. Surprenant.

« Mais j’ai quand même le coeur un peu plus léger », conclut-il.

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PHOTO D’ARCHIVES Claude Surprenant, ancien député de l’Assemblée nationale du Québec.

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