Un ancien député a été blâmé injustement
Le Commissaire à l’éthique a reconnu son tort dans le dossier de l’ex-caquiste
Le blâme de l’Assemblée nationale contre Claude Surprenant alors qu’il était député devrait être annulé. C’est ce que conclut l’ex-juge chargée de réexaminer la réprimande formulée par le Commissaire à l’éthique, alors qu’il a été victime des allégations mensongères d’une ancienne collaboratrice.
« Je viens d’en prendre connaissance, j’en ai des frissons. Je suis content, très content. C’est un bon travail indépendant de la juge à la retraite », s’est réjoui Claude Surprenant en entrevue.
En décembre dernier, la commissaire à l’éthique, Ariane Mignolet, avait reçu le mandat de l’Assemblée nationale de déterminer si les « éléments nouveaux » dans le dossier de l’ancien élu caquiste justifiaient une nouvelle enquête.
Ces « éléments nouveaux » étaient d’une importance considérable. Julie Nadeau, l’ex-attachée politique de M. Surprenant, a été condamnée en novembre à une peine de prison pour fraude et parjure. D’août 2014 à décembre 2015, elle avait détourné plus de 8000 $ du bureau de comté de M. Surprenant vers son compte personnel.
Or, cela a conduit en 2017 à une enquête et éventuellement à un blâme éthique à l’endroit de Claude Surprenant, le tout sur la base du témoignage de... Julie Nadeau elle-même.
Ariane Mignolet s’était donc pliée à la volonté des parlementaires et avait mandaté une commissaire ad hoc, Dominique Bélanger, pour se pencher sur le dossier.
ANNULER LA RÉPRIMANDE
Au terme de son analyse, Mme Bélanger conclut que les « faits nouveaux » ne justifient pas la réouverture de l’enquête, mais elle estime qu’ils ont « un impact sur la sanction recommandée » puisqu’ils « apportent un éclairage fort différent de celui qu’avait le commissaire de l’époque sur la question de la gestion financière du bureau de circonscription, la crédibilité du député Surprenant et a fortiori sur la recommandation d’une sanction ».
La commissaire ad hoc recommande donc que la réprimande à l’endroit de Claude Surprenant soit tout simplement annulée et que la conclusion du rapport de 2017 soit « réputée non écrite », de même que les parties du rapport contenant le témoignage de Julie Nadeau.
CE N’EST PAS FINI
Même s’il est aujourd’hui soulagé, Claude Surprenant souligne que l’affaire n’est pas complètement terminée.
« Il me reste à voir comment les élus vont se positionner sur la question. À partir de là, je me fais différents scénarios pour la suite des choses », explique-t-il.
L’ancien député réclame actuellement des excuses de l’Assemblée nationale et une compensation financière de 2 millions $.
« Je ne vais pas laisser tomber. Le préjudice financier, il est réel, je l’ai subi, et il devra être compensé », dit M. Surprenant.
« Mais j’ai quand même le coeur un peu plus léger », conclut-il.