Cri d’alarme du clan Desmarais au sujet du déclin du niveau de vie
Les gens ordinaires sont ceux qui en souffrent le plus, rappelle Paul Desmarais fils
À l’instar de Pierre Fitzgibbon il y a deux semaines, le président du conseil de Power Corporation, Paul Desmarais fils, estime que le déclin du pays en matière de productivité a assez duré et qu’il est plus que temps que les travailleurs, gouvernements et entreprises prennent ensemble les moyens pour corriger la situation.
« Simplement dit, le Canada accuse un retard considérable par rapport aux autres pays développés en termes de croissance économique et de niveau de vie. Nous devons collectivement prendre conscience de la nécessité de faire quelque chose à ce sujet ».
Paul Desmarais fils s’exprimait ainsi au cours d’un discours prononcé en marge de l’assemblée annuelle de Power, hier. Un discours empreint d’inquiétude pour l’avenir économique du pays et la capacité de ce dernier de continuer de rendre les services auxquels s’attendent ses citoyens.
La veille, Power Corp. faisait connaître ses profits nets pour le premier trimestre de 2024 : 709 millions $, en forte hausse par rapport aux 313 millions $ enregistrés à la même période en 2023.
« En 1981, le niveau de vie au Canada était impressionnant. Notre PIB dépassait de 3 % la moyenne des pays de l’OCDE et était inférieur de 8 % à celui des États-Unis ».
Aujourd’hui, à titre de comparaison, notre PIB par habitant est inférieur de 9 % à la moyenne des pays de l’OCDE, et de 27 % celui des États-Unis. Et, depuis 2019, poursuit-il, le taux de croissance du Canada est « le cinquième plus faible des 38 pays de l’OCDE ».
AVENIR ENCORE PLUS SOMBRE
Ces données sont d’autant plus effarantes, à ses yeux, que les prévisions de l’OCDE indiquent que le Canada se classera bon dernier au cours des quatre prochaines décennies en ce qui a trait à la croissance du PIB par habitant.
« Cette situation est alarmante. Certains parlent d’urgence économique, dit-il sans détour. Ce sont les gens ordinaires qui ressentent le plus durement les effets de cette absence de croissance […] Nous sommes en train de perdre le niveau de vie canadien que nous chérissons. La qualité de vie de plusieurs commence à s’effriter. Notre faible productivité nuit à notre capacité à soutenir une population vieillissante ».
Ce dernier affirme qu’une meilleure productivité est nécessaire si le pays souhaite continuer de financer le filet de sécurité sociale dont s’est doté le pays au cours des années. Tout en précisant n’avoir aucune intention de se lancer en politique, il affirme que l’enjeu de la productivité est un problème collectif qui devrait intéresser tout le monde.
Ce dernier s’est bien gardé de proposer des solutions toutes faites. Il a toutefois insisté sur l’importance de constamment investir dans les technologies numériques les plus récentes.
Par ailleurs, à la période des questions, un représentant du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) s’est étonné du refus de Power de divulguer les langues maîtrisées par les membres de sa direction.
À sa différence, a souligné son directeur général, Willie Gagnon, l’ensemble des sept grandes banques canadiennes a accepté de communiquer cette information au MÉDAC sans rechigner.
« LE CANADA ACCUSE UN RETARD CONSIDÉRABLE PAR RAPPORT AUX AUTRES PAYS DÉVELOPPÉS EN TERMES DE CROISSANCE ÉCONOMIQUE ET DE NIVEAU DE VIE. » – Paul Desmarais fils, président du conseil de Power Corporation