Péladeau dénonce l’« obstruction constante » de Bell, Telus et Rogers
Il martèle que les trois géants des télécoms utilisent des tactiques anticoncurrentielles
Le grand patron de Québecor, Pierre Karl Péladeau, dénonce l’« obstruction constante » dont fait preuve, selon lui, l’« oligopole » composé de Bell, Telus et Rogers dans le secteur des télécommunications.
« Pour que nous puissions continuer à jouer notre rôle de quatrième joueur fort, l’obstruction constante du “Big 3” à toute forme de concurrence doit cesser », a déclaré M. Péladeau hier, avant de presser le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) à continuer de mettre en place des « outils adéquats » pour permettre à Québecor de se « battre à armes égales avec l’oligopole en place ».
« Il n’y a pas une semaine qui passe sans qu’on ait un problème avec Bell et je pense que nous ne sommes pas les seuls. Beaucoup de clients ont aussi des problèmes avec Bell », a-t-il lâché lors d’une conférence de presse qui a suivi l’assemblée des actionnaires de Québecor.
Pierre Karl Péladeau reproche notamment à Bell de ne pas payer un prix suffisant pour distribuer les canaux spécialisés de Québecor, dont TVA Sports, et à Telus de facturer à l’entreprise montréalaise des tarifs trop élevés pour l’accès à son réseau cellulaire à l’extérieur du Québec.
Le CRTC a récemment débouté Québecor dans sa contestation des frais imposés par Telus.
« Cette décision nous obligera à revoir nos offres sans fil ainsi que le lancement de nos services dans certaines régions canadiennes, considérant les coûts d’exploitation trop importants qu’elle engendrera », a affirmé M. Péladeau.
DEUX CATÉGORIES DE CANADIENS
« Cela contribuera à créer deux classes de Canadiens: ceux qui bénéficieront d’une saine concurrence là où Freedom détient son propre réseau, et les autres, qui se verront privés des bénéfices générés par notre présence à part entière », a-t-il poursuivi.
Il y a un peu plus d’un an, Québecor a déboursé 2,9 milliards $ pour mettre la main sur Freedom Mobile, ce qui lui a ouvert les portes de l’Ontario, de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et du Manitoba. Freedom compte près de deux millions de clients et plus de 1600 salariés.
Au cours des prochaines années, Québecor entend investir des sommes importantes pour étendre le réseau de Freedom, ce qui réduira le besoin de faire appel à ses concurrents.
« Plutôt que d’être locataires, nous allons devenir propriétaires, a illustré Pierre Karl Péladeau. C’est le même trajet que Vidéotron a suivi au Québec. »
UN « NOUVEAU DÉPART » POUR TVA
Le dirigeant a par ailleurs dit espérer que le Groupe TVA connaisse « un nouveau départ » après le licenciement de plus de 600 travailleurs. Annoncée l’an dernier, cette restructuration vise à redresser la situation financière de la filiale télévisuelle.
« Dans un environnement où la télé peine à survivre, et où CBC/Radio-Canada a reçu récemment 42 millions $ en compensation pour la perte de revenus publicitaires, il est difficile de comprendre le choix des gouvernements de ne pas élargir le crédit d’impôt pour la main-d’oeuvre journalistique au secteur de l’information télévisée », a déploré M. Péladeau.
Québecor a nommé hier l’ancien premier ministre Brian Mulroney, qui est mort en février, « administrateur émérite » de l’entreprise. C’est Sylvie Lalande, administratrice de Québecor depuis 2011, qui succédera à M. Mulroney à la présidence du conseil d’administration.
« IL N’Y A PAS UNE SEMAINE QUI PASSE SANS QU’ON AIT UN PROBLÈME AVEC BELL ET JE PENSE QUE NOUS NE SOMMES PAS LES SEULS. BEAUCOUP DE CLIENTS ONT AUSSI DES PROBLÈMES AVEC BELL » – Pierre Karl Péladeau, grand patron de Québecor