Le Journal de Montreal

La deuxième vie d’Éric Lapointe

- Sophie Durocher sophie.durocher@quebecorme­dia.com

Quand j’ai vu Éric Lapointe arriver en studio à QUB, je ne l’ai pas reconnu. Il avait perdu du poids. Il était musclé. Sa peau était belle. Il avait le teint bronzé.

Disparus le teint gris-vert et la bedaine ! Bye bye les yeux pochés et le visage bouffi !

Mais ce qui était surtout différent du Éric Lapointe que j’avais interviewé en novembre 2023, c’est que le rocker avait l’air bien. Juste bien.

Quand il m’a annoncé qu’il venait de souligner ses six mois de sobriété, j’ai compris pourquoi il n’était plus le même homme.

UN JOUR À LA FOIS

En novembre, quand je l’ai interviewé pour Éric Lapointe face à ses démons qui a été diffusé en janvier à TVA, le rocker était tellement nerveux et stressé que je pensais à tout moment qu’il allait soit « péter au frette », soit se lever et quitter le plateau des studios Mels. J’avais devant moi un animal traqué, qui jouait le tout pour le tout.

Or, à QUB, cette semaine, Éric Lapointe était un homme qui n’avait plus le dos voûté, et qui était fier de n’avoir pas été « sous influence » depuis plus de six mois.

« La dernière fois que j’ai été sobre aussi longtemps, j’avais 12 ans », m’a raconté celui qui est devenu alcoolique dès l’adolescenc­e.

Lapointe m’a raconté une histoire touchante. Il a reçu des mains de son parrain son jeton de six mois de sobriété le 21 avril, jour de l’anniversai­re d’un de ses fils. « J’ai vu dans les yeux de mes enfants qu’ils étaient vraiment fiers », m’a dit Lapointe.

Pourquoi je vous parle de tout ça ? Parce qu’on vit dans une société où on n’arrête pas de nous parler de tolérance, d’acceptatio­n, de rédemption, de pardon.

Mais il y a encore des artistes qui refusent catégoriqu­ement de chanter sur la même scène que Lapointe, même s’il a plaidé coupable aux accusation­s qui le visaient et même s’il a bénéficié d’une absolution conditionn­elle (dont il a respecté les conditions).

LA SAINT-JEAN

Cet été, pour la Saint-Jean, on avait déjà prévu de rendre hommage à Jean-Pierre Ferland, car il aurait eu 90 ans le 24 juin. Puisque Jean-Pierre est mort le 27 avril, l’hommage prévu à la Saint-Jean sera amplifié.

Or, il est bon de rappeler qu’Éric Lapointe a endisqué au fil des ans six chansons de Jean-Pierre. On se souvient bien sûr de Qu’est-ce que ça peut bien faire.

Mais sur le dernier album de Lapointe, le rocker reprend aussi une chanson méconnue de Jean-Pierre qui s’intitule À marée basse. Quand on lit les paroles, on comprend pourquoi le rocker a choisi de la chanter. Ça parle des copains qui sont là pour toi quand tu trônes au sommet, mais qui quittent le navire quand tu es en eaux troubles. « T’as vu, on a beaucoup d’amis / Les jours de marée haute / T’as vu comme ils sont toujours loin / Quand on en a besoin à marée basse ».

« Jean-Pierre aura toujours mis des mots sur ce que je vivais », m’a dit Éric en entrevue cette semaine.

Je ne sais pas vous, mais moi, si cet été à la Saint-Jean de Montréal ou de Québec Éric Lapointe chantait le petit roi, on verrait que c’est le retour de la marée.

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 ?? ?? Éric Lapointe et son fils Christophe-Arthur sur le tapis rouge du spectacle Les BB par Ludovick Bourgeois.
Éric Lapointe et son fils Christophe-Arthur sur le tapis rouge du spectacle Les BB par Ludovick Bourgeois.

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