Le Journal de Montreal

Swayman, le cauchemar de Keefe et des Leafs

- Renaud.lavoie@tva.ca

Sheldon Keefe a perdu son emploi. Les dirigeants des Maple Leafs ont décidé qu’il était le grand responsabl­e des problèmes de l’équipe. Mais Sheldon Keefe serait probableme­nt en deuxième ronde présenteme­nt si son ancien directeur général Kyle Dubas avait suivi le plan de match au repêchage de 2017, soit celui de repêcher Jeremy Swayman.

Ça faisait des mois que les dépisteurs de la formation torontoise le suivaient, lui qui excellait dans la USHL avec le Stampede. Les dirigeants des Maple Leafs lui avaient d’ailleurs dit qu’ils allaient le repêcher... jusqu’au jour fatidique.

Alors qu’il regardait le repêchage à sa maison d’Anchorage en Alaska, il a été renversé de voir qu’au 110e rang, les Leafs ont choisi Ian Scott, un autre gardien qui avait glissé jusqu’en quatrième ronde. Scott a peu joué après son stage junior à Prince Albert, en raison de blessures aux hanches.

Devinez à quel rang Jeremy Swayman a été repêché par les Bruins. Au 111e rang, soit immédiatem­ent après le choix de la formation torontoise. L’erreur de 2017 fait évidemment aujourd’hui le bonheur des dirigeants des Bruins.

LE PLAISIR AVANT TOUT

La confiance que Jeremy Swayman projette n’a pas d’égal. Mais lorsque vous le croisez dans un corridor, c’est avec un gros sourire et des high five qu’il vous salue. Le matin du match numéro six à Toronto, il disait bonjour à tous les membres des médias qui étaient sur son passage et aux gardiens de sécurité du Scotia Bank Arena. En arrivant devant une employée de l’amphithéât­re, il présente son biscuit pour que la dame le salue avec un petit coup de poing sur ledit biscuit. La dame hésite et le regarde en lui disant qu’elle n’est pas certaine qu’elle devrait le faire, elle est une fan des Leafs. Après quelques sourires et les bons mots pour la convaincre, la dame a accepté.

Un autre exemple. La journée du match numéro sept, soit deux heures avant le match, Jeremy Swayman se présente dans le corridor près du vestiaire des Bruins et rencontre un cameraman qui travaille pour la LNH. Les deux s’échangent des plaisanter­ies et se mettent à regarder des photos que le cameraman voulait lui montrer sur son portable. Tout ça alors que Swayman savait qu’il devait disputer le match de sa carrière quelques heures plus tard. Mais pour le gardien des Bruins, l’erreur aurait été de changer son attitude et son approche pour le match.

PAS DANS LES NORMES

Cette attitude n’est pas celle qu’on voit normalemen­t chez les gardiens, particuliè­rement la journée d’un match. L’excellent Stéphane Waite, qui a été entraîneur des gardiens dans la LNH de 2005 à 2021, m’avait déjà dit que l’attitude d’un gardien dans l’entourage d’une équipe était d’une grande importance.

Il m’avait parlé de Corey Crawford, qui avait toujours une attitude bon enfant. Il lui avait fait comprendre que lorsque l’équipe est dans l’avion ou à l’aréna, il devait donner confiance à ses coéquipier­s avec la façon de se comporter et de montrer qu’il était prêt à affronter les défis. Bref, d’être un peu plus concentré. Ce fut la bonne stratégie alors que Crawford a remporté deux coupes Stanley avec les Blackhawks.

Avec le Canadien, il avait aussi suggéré à Carey Price de montrer un peu plus de sérieux dans l’entourage de l’équipe la journée des matchs et ce fut encore la bonne approche, alors que le gardien du Canadien a sérieuseme­nt levé son jeu d’un cran dès son arrivée.

Mais Jeremy Swayman est différent. La confiance qu’il donne à ses coéquipier­s en gardant toujours son sourire légendaire sur son visage et en approchant chaque match de la même façon fait en sorte que personne n’a le courage de lui demander de changer. À quoi bon ?

Et si quelqu’un voulait changer son approche la journée des matchs, j’ai l’impression que ce serait impossible, un peu comme avec Martin Brodeur, qui laissait parler son jeu sur la glace pour donner confiance à ses coéquipier­s, mais qui gardait toujours le sourire avant les matchs, peu importe les circonstan­ces.

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PHOTO AFP Jeremy Swayman bloquant un tir de Calle Jarnkrok (19), des Leafs, sous les yeux de Matthew Knies (23) lors du troisième match de la série contre les Bruins en première ronde.

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