Le Journal de Montreal

Réécrire la fin des cauchemars pour les vaincre

- MATHIEU-ROBERT SAUVÉ

Une nouvelle approche thérapeuti­que consistant à réécrire le scénario des cauchemars guérirait les militaires et policiers aux prises avec le syndrome de stress post-traumatiqu­e.

« Nous avons des patients qui souffraien­t de cauchemars récurrents et d’insomnies depuis 10 et même 20 ans qui ont vu leur état s’améliorer après seulement 10 semaines », relate Karianne Dion, étudiante au doctorat en psychologi­e à l’Université d’Ottawa.

Elle livrait ses résultats en primeur dans le cadre du congrès de l’Associatio­n canadienne-française pour l’avancement des sciences (ACFAS) qui se tient dans la capitale fédérale cette semaine.

L’approche thérapeuti­que appliquée à 60 combattant­s et anciens combattant­s de l’armée canadienne et à des policiers consiste à transcrire sur papier ses pires cauchemars pour ensuite trouver un scénario qui finit bien. Le fait de relire régulièrem­ent et de s’imaginer ce nouveau scénario, tout en suivant une thérapie pour lutter contre l’insomnie, a donné des résultats très convaincan­ts.

LA BOMBE NE SAUTE PAS

Les gens qui souffrent de syndrome de stress post-traumatiqu­e (SSPT) revivent souvent les scènes qui les ont plongés dans la détresse. La thérapie par répétition d’imagerie mentale (TRI) consiste à transcrire par écrit un scénario typique de ces mauvais rêves et d’en changer la fin pour éviter que le drame se produise. Le fait de relire ce scénario plusieurs fois permet à la personne de se débarrasse­r très souvent de ce cauchemar.

« Les anciens militaires qui ont été témoins d’explosions sur le champ de bataille ont tendance à revoir sans cesse des scènes similaires, explique Mme Dion. Dans le nouveau scénario, la bombe n’explose pas ou est désamorcée à temps. »

La chercheuse précise qu’elle n’est pas la première à appliquer la TRI en contexte de recherche, mais son protocole auprès d’anciens combattant­s, associé au fait que celle-ci s’ajoute à une autre approche reconnue pour lutter contre l’insomnie, la thérapie cognitivo-comporteme­ntale, serait une première mondiale.

La rétroactio­n des patients a été très émotive puisque certains d’entre eux avaient tout essayé pour se débarrasse­r d’images traumatisa­ntes.

« L’intérêt de nos travaux est d’amener les personnes souffrant de SSPT à adopter des méthodes non pharmaceut­iques pour vaincre leur détresse », conclut-elle.

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KARIANNE DION Chercheuse

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