Réécrire la fin des cauchemars pour les vaincre
Une nouvelle approche thérapeutique consistant à réécrire le scénario des cauchemars guérirait les militaires et policiers aux prises avec le syndrome de stress post-traumatique.
« Nous avons des patients qui souffraient de cauchemars récurrents et d’insomnies depuis 10 et même 20 ans qui ont vu leur état s’améliorer après seulement 10 semaines », relate Karianne Dion, étudiante au doctorat en psychologie à l’Université d’Ottawa.
Elle livrait ses résultats en primeur dans le cadre du congrès de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (ACFAS) qui se tient dans la capitale fédérale cette semaine.
L’approche thérapeutique appliquée à 60 combattants et anciens combattants de l’armée canadienne et à des policiers consiste à transcrire sur papier ses pires cauchemars pour ensuite trouver un scénario qui finit bien. Le fait de relire régulièrement et de s’imaginer ce nouveau scénario, tout en suivant une thérapie pour lutter contre l’insomnie, a donné des résultats très convaincants.
LA BOMBE NE SAUTE PAS
Les gens qui souffrent de syndrome de stress post-traumatique (SSPT) revivent souvent les scènes qui les ont plongés dans la détresse. La thérapie par répétition d’imagerie mentale (TRI) consiste à transcrire par écrit un scénario typique de ces mauvais rêves et d’en changer la fin pour éviter que le drame se produise. Le fait de relire ce scénario plusieurs fois permet à la personne de se débarrasser très souvent de ce cauchemar.
« Les anciens militaires qui ont été témoins d’explosions sur le champ de bataille ont tendance à revoir sans cesse des scènes similaires, explique Mme Dion. Dans le nouveau scénario, la bombe n’explose pas ou est désamorcée à temps. »
La chercheuse précise qu’elle n’est pas la première à appliquer la TRI en contexte de recherche, mais son protocole auprès d’anciens combattants, associé au fait que celle-ci s’ajoute à une autre approche reconnue pour lutter contre l’insomnie, la thérapie cognitivo-comportementale, serait une première mondiale.
La rétroaction des patients a été très émotive puisque certains d’entre eux avaient tout essayé pour se débarrasser d’images traumatisantes.
« L’intérêt de nos travaux est d’amener les personnes souffrant de SSPT à adopter des méthodes non pharmaceutiques pour vaincre leur détresse », conclut-elle.