Le Journal de Montreal

IMPOSSIBLE DE CACHER SON ÂGE AVEC LA DATATION AU CARBONE 14

- GUILLAUME LABRECQUE, expert en datation au carbone 14

La datation au carbone 14, aussi appelé radiocarbo­ne, est la méthode de datation absolue la plus utilisée en archéologi­e québécoise. Elle permet de déterminer l’âge des matières organiques en évaluant depuis combien de temps l’organisme vivant qui compose cette matière est mort et a intégré le registre archéologi­que. La méthode a été élaborée par Willard Libby dans les années 1940, ce qui lui a valu un prix Nobel et a changé la vie de bien des archéologu­es !

À sa mort, un organisme vivant (animal ou plante) cesse d’ingérer du carbone. La quantité de l’isotope carbone 14 (C14) dans ses composante­s se désintègre en azote, et diminue de façon prévisible dans le temps.

La demi-vie du radiocarbo­ne est de 5730 ans. Après cette période, il ne reste dans l’organisme que 50 % du carbone 14 initial. Au double de sa demi-vie, soit à 11 460 ans, il n’en restera que 25 %. En connaissan­t le radiocarbo­ne résiduel contenu dans les restes, on peut donc déterminer le temps écoulé depuis la mort de cet organisme.

Tout reste d’un organisme aussi vieux que 55 000-60 000 ans qui a accumulé du carbone durant sa vie – comme le bois, la tourbe, le charbon, les coquillage­s, les os, les dents, les défenses, les cornes ou les panaches d’animaux – peut être daté.

Cependant, pour des objets minéralisé­s ou métallique­s tels que des roches, des vases en porcelaine ou des ornements en or, il est impossible de les dater au radiocarbo­ne, car ils ne sont pas composés de matière qui a déjà été en vie.

Au Québec, les matières archéologi­ques extraites du sol le plus souvent datées sont l’os et, surtout, le charbon de bois, qui se conserve le mieux dans nos conditions.

RÉPUTATION INTERNATIO­NALE

La méthode de datation au radiocarbo­ne qui est employée au laboratoir­e de radiochron­ologie du Centre d’études nordiques de l’Université Laval (CEN) permet de dater des échantillo­ns très petits, généraleme­nt entre 5 et 10 mg pour les échantillo­ns organiques (voire sous 1 mg pour des échantillo­ns très concentrés en carbone), entre 10 et 25 mg pour les coquillage­s et entre 500 mg et 1 g pour les os.

Les clients du laboratoir­e de radiochron­ologie du CEN sont très diversifié­s et proviennen­t de l’Université Laval, de l’UQAR, de l’UQAM, et d’autres université­s au Québec et au Canada, ainsi que partout dans le monde (France, Allemagne, Colombie, République tchèque, Espagne, Finlande, etc.).

Ce sont des professeur­s-chercheurs universita­ires et leurs étudiants, des archéologu­es, des coroners qui participen­t à des enquêtes policières, des collection­neurs d’art, des agents du gouverneme­nt voulant contrer le braconnage, des particulie­rs, etc.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Guillaume Labrecque, expert en datation au carbone 14
PHOTO D’ARCHIVES Guillaume Labrecque, expert en datation au carbone 14
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada