Un laboratoire fabuleux ouvert à tous
Outils technologiques et imprimante 3D sont disponibles à la Grande Bibliothèque, et c’est gratuit
À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Saviez-vous qu’un attirail perfectionné de découpeuses au laser, de brodeuses numériques, d’imprimantes et fraiseuses 3-D est disponible gratuitement pour tout le monde à Montréal ? Dans un laboratoire étonnant de la Grande Bibliothèque, on peut fabriquer à peu près tout ce qui nous passe par la tête en trois dimensions.
Oubliez le silence religieux typique de la bibliothèque. Dans l’atelier Le Square, il y a toujours un appareil qui gronde ou qui siffle.
Heureusement qu’il y a des vitres coupe-son.
De tous les recoins de la Grande Bibliothèque, c’est probablement celui où ça bouge le plus.
Il y a une trentaine de personnes quand j’arrive, dont un groupe de visiteurs qui ouvrent de grands yeux devant cette machinerie dernier cri qui façonne, sculpte, coupe…
APPEL DE LA CURIOSITÉ
« Les gens viennent souvent ici pour la première fois parce qu’ils sont curieux des imprimantes à trois dimensions », raconte Mathieu Laporte.
« Nous les aidons alors à trouver en ligne des figures libres de droits à imprimer en bustes ou en statuettes. Une fois ici, ils voient les autres appareils et ça leur donne de nouvelles idées. »
Récemment, un couple de retraités a créé une enseigne rétroéclairée pour afficher le numéro d’immeuble de leur chalet.
Un homme s’est présenté pour façonner de nouveaux boutons pour le tableau de bord de son bateau.
Certains se font scanner en trois dimensions afin de s’imprimer eux-mêmes !
La brodeuse numérique, qui permet de broder des dessins sur des chandails ou des tissus, est également populaire.
« Récemment, pour une classe d’enfants, nous avons créé un “chaquin”, c’est-à-dire chat-requin en 3 D qui a fait fureur », dit en riant M. Laporte.
Le laboratoire Le Square est ouvert à tous. Pourquoi ce matériel valant des dizaines de milliers de dollars est-il accessible gratuitement ?
« C’est le principe de la bibliothèque publique appliqué aux appareils de fabrication numérique », explique M. Laporte.
« Nous sommes là pour initier et lancer les gens. Après leur visite, nous leur donnons les outils pour qu’ils puissent continuer leur apprentissage chez eux. »
UTILITÉ
On peut vraiment faire de tout dans ce labo si je me fie aux gens que j’y rencontre.
« Je suis ici pour créer un étui adapté à mon fauteuil roulant où je pourrai ranger ou reprendre le bâton buccal dont j’ai besoin pour pitonner sur mon téléphone », m’explique Amine Loulidi.
« De mon côté, j’ai besoin d’un support à téléphone correctement adapté au bras de mon fauteuil », me confie sa consoeur Mégane Ravary.
« Quand nous aurons réalisé les prototypes adéquats, nous les rendrons disponibles gratuitement en ligne », m’annonce Frédéric Lemelin, qui travaille au laboratoire.
« Je façonne une figurine de Donjons et Dragon », me confie quant à lui le comédien Thomas Boudreault-Côté.
« J’utilise la découpeuse laser pour percer les détails d’une vieille photo de ma grand-mère sur une photo actuelle de l’adresse où l’image a été prise dans les années 1930 à Lodz en Pologne », m’explique l’artiste Poli Wilhelm.
« Quand on va éclairer la photo, ça projettera l’image de ma grand-mère sur le mur. »
DE VASTES POSSIBILITÉS
Avec Mathieu Laporte, j’apprends à souder des circuits électroniques.
Dans un aquarium clos, Le Square incube de la racine de champignon, du mycélium, pour un projet de plastique biologique.
Sur une table sont alignées des « douches sonores » capables de diffuser le son par en dessous pour une personne seulement sans déranger les autres autour.
Ce méli-mélo technologique témoigne des vastes possibilités de ce laboratoire incroyable.
Irez-vous l’essayer ?