Le Journal de Montreal

Un 4e changement d’école imposé à un élève autiste

Des jeunes font les frais d’un boom démographi­que et du manque de planificat­ion

- DOMINIQUE SCALI

« POUR ÊTRE HONNÊTE, JE ME SUIS MISE À PLEURER. JE PENSAIS QU’ON ME NIAISAIT. »

– Cynthia Jarry, mère d’un enfant autiste

Des parents de Lanaudière dénoncent la succession de changement­s d’école imposés à leur enfant autiste, dont la mère d’un garçon qui en est à son quatrième revirement en moins de cinq ans.

« Pour être honnête, je me suis mise à pleurer. Je pensais qu’on me niaisait », raconte Cynthia Jarry.

Le 14 mai, la mère de Sainte-Julienne a reçu un appel de l’école lui annonçant que son fils Edouard devra une quatrième fois changer d’école l’an prochain.

« Ça n’a aucun sens. La routine, pour un enfant autiste, c’est super important », dit celle qui dénonce cette instabilit­é.

Edouard, 11 ans, a un trouble du langage lié à son diagnostic d’autisme, mais n’a pas de déficit intellectu­el. Il aime se faire des amis, mais il préfère « quand les choses sont toujours pareilles », dit-il en entrevue.

Il a fait sa maternelle au régulier et sa 1re année dans une classe spécialisé­e à l’école Arc-en-ciel, à Saint-Lin-Laurentide­s.

En raison de la surpopulat­ion, il a été transféré à l’école Du Ruisseau, où il a fait sa 2e et 3e année. On a ensuite annoncé à Mme Jarry qu’il ferait sa 4e année à l’école Carrefour-des-Lacs, où tous les services spécialisé­s seraient réunis.

« INQUIÉTEZ-VOUS PAS »

Chaque fois, elle a pris le temps d’amener Edouard jouer près de sa future école pour atténuer le stress de la nouveauté.

Puis, au printemps 2023, le Centre de services scolaire (CSS) des Samares a décidé qu’Edouard ne ferait pas sa 4e année à Carrefour-des-Lacs, mais dans une autre ville, à Saint-Calixte.

« On nous a dit : inquiétez-vous pas, il y aura une berline scolaire pour le conduire. » Edouard n’y a jamais eu droit. Ses parents doivent le conduire matin et soir.

Et voilà la goutte qui fait déborder le vase : on le renvoie à l’école Du Ruisseau l’an prochain. Mme Jarry a donc déposé une plainte la semaine dernière.

En cas de surplus de clientèle, certains CSS ont une règle stipulant qu’un élève ne peut être transféré d’école qu’une seule fois. Cette règle n’existe pas à ce CSS.

EXPLOSION DÉMOGRAPHI­QUE

De son côté, le CSS explique ces bouleverse­ments par le boom démographi­que qui touche la MRC de Montcalm, et plus particuliè­rement Saint-Lin-Laurentide­s.

« On n’arrive pas à construire et à agrandir les écoles assez rapidement », indique la directrice générale, Nancy Lapointe.

Mais même à l’extérieur de cette zone en explosion, des élèves se font « barrouette­r ». Le fils de Marie Daigle est en maternelle spécialisé­e pour jeunes autistes à Joliette. Elle vient elle aussi d’apprendre qu’il devra changer d’école l’an prochain.

« C’est un peu ridicule. On nous dit : je ne peux pas vous garantir que l’année d’après, il ne va pas encore changer d’école », témoigne Mme Daigle.

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PHOTO MARTIN ALARIE Cynthia Jarry et son fils Edouard, 11 ans, sur leur terrain de Sainte-Julienne, municipali­té de Lanaudière.

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