LA SEMAINE GOURMANDE DE
Geneviève St-Germain
Q Geneviève, es-tu une épicurienne?
R «À bien y réfléchir, oui, mais je te mentirais si je ne te disais pas que je suis aussi une gourmande. J’ai une relation fusionnelle avec la nourriture, il faut toutefois que ce soit très bon et qu’aucun produit chimique ne vienne interférer dans la composition.»
Q Tu veux parler de produits transformés?
R «Oui, tout à fait. Pour les plats déjà prêts, si tu regardes la composition des ingrédients de la recette, tu remarqueras la liste interminable de choses que l’on ne connaît pas, de mots qui n’inspirent pas au plaisir de manger… Comme la maudite poudre d’ail, les conservateurs et exhausteurs de goût. C’est tellement triste. Des produits frais, il n’y a rien de mieux! Ma mère m’a toujours dit, s’il y a du chimique, passe ton tour.»
Q Ça vient d’où cet amour pour la cuisine et des choses faites naturellement?
R «Pour la petite histoire, mes parents avaient un petit dîner sur Laurier Est, juste à côté d’Anjou Québec, proche de Berri, il y a longtemps. Ils étaient amis avec les cuisiniers, les bouchers et les propriétaires, et c’est à leur contact que ma mère a développé son amour de la cuisine. Puis, mon père, très francophile, a toujours été attiré par la cuisine française. Il y a fait de nombreux voyages, beaucoup de restaurants et nous reproduisions cette merveilleuse cuisine à la maison. C’était très important la bonne cuisine chez nous, comme pouvaient l’être l’art, la musique, la littérature. Le sport faisait moins partie de notre vie, c’est comme ça. Chacun son truc», me dit Geneviève avec un beau sourire.
Q Est-ce que tu as développé, comme ta maman, un talent culinaire?
R «Je dirais que oui, mais je t’avouerais que c’est surtout le dimanche avec Sébastien, mon conjoint qui est un bon sous-chef (rires), que nous cuisinons pour la semaine. Faire de bons repas et prendre le temps de bien faire les choses.»
Q Lorsque tu reçois, as-tu des spécialités?
R «Je suis une amoureuse des huîtres, alors on commence par ça. Puis, un poulet de Cornouaille farci de chair de saucisse douce servi avec une délicate sauce aux raisins et une purée de courge. Un déli- ce! Du fromage, j’en suis folle, et un dessert, genre gâteau aux pommes et au caramel, que je ne ferais pas.»
Q Pourquoi?
R «Autant j’aime improviser en cuisine et me laisser porter par l’inspiration du moment ou des produits disponibles… Pour la pâtisserie, c’est un peu l’inverse, il faut suivre la recette à la lettre et je suis moins disciplinée pour ça. En plus, il y a de bons pâtissiers à Montréal. Alors!»
Q As-tu des chouchous pour la pâtisserie?
R «La pâtisserie de Gascogne, Cremy, le Pain Doré, Première Moisson…(à Montréal).»
Q Et pour les restos, Geneviève, tu as aussi des préférés?
R «Oh que oui, Kazu, un minuscule restaurant japonais. J’aime tout, tout, tout! En fait, j’adore la cuisine japonaise. Je suis aussi une amoureuse de la cuisine crue, mais pas crudivore. Les trucs trop granos, très peu pour moi. J’aime aussi le Filet, BarBounya, Soy, Daou et la Cantine Sauvé. Le meilleur hot-dog toasté au monde!»
Q Ton grand souvenir culinaire?
R «Bon là, on est loin des hotdogs. J’ai eu la chance de manger chez Bernard Loiseau à Saulieu en France, lorsqu’il était encore de ce monde, et ce fut merveilleux. Je me souviendrai toujours de son filet de sandre à la moelle et sa sauce au vin rouge.»
Q Geneviève, côté verre, quelles sont tes préférences?
R «Je m’ouvre aux découvertes. Avant je disais les bordeaux pour les blancs et les bourgognes pour les rouges. Mais les bulles, c’est quand même un délice. Je suis une vraie fille», me dit une Geneviève assumée.
Nous avons parlé de la vie, de notre travail, de nos envies, de nos espoirs, de nos indignations, mais surtout du magnifique bonheur commun de manger et de faire la cuisine. «Merci la vie!» me dit Geneviève en conclusion.
Notre rencontre a eu lieu au restaurant Graziella, à Montréal