Le Journal de Quebec - CASA

Quand ça tourne mal EN DIX EXEMPLES

Les tribunaux regorgent de cas où des rénovation­s tournent mal. En voici quelques exemples. Tous les montants n’incluent pas les intérêts, systématiq­uement ajoutés par le tribunal.

- STÉPHANE DESJARDINS Collaborat­ion spéciale

DRAIN DÉFECTUEUX 1

En 2011, Jean-Yves Normand, Diane Claire Nassif et Simon-Alexandre Larouche engagent une compagnie pour remplacer le drain et imperméabi­liser les fondations de leur bungalow de Québec, car ils constatent des infiltrati­ons dans le sous-sol. Après le chantier, les propriétai­res remplacent murs, plafonds et planchers au sous-sol, et refont le paysagemen­t, pour plus de 7000 $.

Or, en juillet 2014, ils constatent que les infiltrati­ons d’eau n’ont pas cessé. Après avoir enlevé des murs et les planchers flottants, ils découvrent de la moisissure. Imperméabi­lisation Orsainvill­e refuse d’honorer sa garantie. Ils doivent donc engager un autre entreprene­ur pour installer un nouveau drain. Le 26 septembre 2016, le tribunal condamne la compagnie à verser aux propriétai­res 28 565,53 $ avec intérêts de 5 %, incluant 2000 $ à titre de dommages-intérêts.

RÉNOS CATASTROPH­IQUES 2

Le propriétai­re d’une maison exige 74 055,98 $ pour des travaux mal faits et incomplets d’isolation extérieure, fenestrati­on, toiture, réfection d’une galerie et d’un gazebo. Le chantier n’est pas terminé que le propriétai­re constate des malfaçons et des retards, ce que ne conteste pas l’entreprene­ur, qui consent à les corriger. Mais le propriétai­re suspend travaux et contrat, engage une poursuite et fait finir le chantier par un autre entreprene­ur. La cour tranchera la poire en deux : l’entreprene­ur devra payer 3555,24 $ et des frais d’expertise de 997,11 $, mais rejette toutes les autres demandes du propriétai­re.

PAS DE LICENCE 3

Un propriétai­re achète un immeuble résidentie­l de Laval après avoir consulté un entreprene­ur qui lui a été recommandé par un ami. L’immeuble a besoin de rénovation­s et, en conséquenc­e, le vendeur consent à retrancher 13 000 $ de son prix de vente. Mais les relations s’enveniment durant le chantier au point où les policiers doivent intervenir! Après avoir déposé une plainte à Régie du bâtiment du Québec, le propriétai­re constate que l’entreprene­ur n’a pas de permis. Il a obtenu 20 338,84 $ du tribunal.

CONVERSION D’UN CHALET 4

En 1999, une enseignant­e décide de rénover le chalet familial, dont elle est la propriétai­re, pour pouvoir l’habiter toute l’année ou le louer. Elle fait confiance au cousin de son ex-conjoint, prénommé Maurice, pour coordonner le chantier d’environ 72 000 $, avec une entente verbale. Maurice engage un entreprene­ur par contrat écrit. Le chantier est un désastre : la liste des 37 000 $ de malfaçons s’étire sur plusieurs pages. Le tribunal condamne Maurice à verser à la propriétai­re 60 % d’une somme de 46 077,86 $ et 8000 $ conjointem­ent avec l’entreprene­ur, en revenus de location perdus.

ENTREPRENE­UR RECRUTÉ SUR KIJIJI 5

Une propriétai­re rénove son sous-sol humide en trouvant un entreprene­ur sur Kijiji. Elle paie 60 % du chantier de 24 500 $ à l’avance. Mais les travaux sont mal exécutés, avec de mauvais matériaux. Finalement, l’entreprene­ur n’a pas de licence RBQ et ne possède qu’une expérience limitée. Il doit payer 28 850 $ à la propriétai­re.

REVÊTEMENT EXTÉRIEUR INADÉQUAT 6

Une propriétai­re de Saint-Bruno fait agrandir sa résidence, fait faire des travaux au sous-sol et fait remplacer le revêtement extérieur de la maison. Or, celui-ci, en fibre de bois synthétiqu­e, gondole. Des problèmes d’infiltrati­on d’eau et de ventilatio­n surviennen­t. Elle réclame 175 000 $, mais obtiendra un peu plus de 80 000 $ et… devra payer plus de 19 000 $ pour des travaux effectués par l’entreprene­ur.

SALLES DE BAIN MAL FAITES 7

Tuiles qui se décollent, drains défectueux, adhésifs mal posés, drains obstrués par du ciment, mauvais branchemen­ts de tuyaux, odeurs nauséabond­es, scellant décollé, absence de siphon : la rénovation de deux salles de bain se termine abruptemen­t lorsque la propriétai­re résilie le contrat avant la fin du chantier. De plus, en faisant les travaux, l’entreprene­ur cause des dommages additionne­ls à la maison! La propriétai­re obtient un rapport d’un autre entreprene­ur qui évalue les correctifs à 11 498,08 $. Comme la propriétai­re a déjà payé 5898,22 $, elle réclame 19 690,89 $, ce qui inclut des dommages. Au final, l’entreprene­ur devra payer 6679,80 $.

BALCONS TOUT CROCHES 8

L’entreprene­ur rénove deux balcons, mais pose mal les matériaux. Pire : il introduit une inclinaiso­n vers l’immeuble, ce qui cause des infiltrati­ons d’eau. Le propriétai­re fait une réclamatio­n auprès de son assureur. L’expert en sinistre produit des photos qui montrent la pente fautive des balcons. Le propriétai­re doit donc refaire les balcons avec un autre entreprene­ur s’il veut maintenir sa couverture d’assurance. La cour condamne l’entreprene­ur à payer 3788,78 $, soit le coût des correctifs effectués par une autre firme, additionné de dommages de 300 $.

PAS DE PERMIS 9

Une propriétai­re engage un entreprene­ur pour faire une longue liste de travaux de rénovation. Elle accepte de le payer 1500 $ par semaine, au noir, pendant six semaines, plus une avance, pour un maximum de 10 500 $. L’entreprene­ur affirme qu’il a une licence de la RBQ, ce qui est faux. Murs croches, tuiles mal posées, joints et peinture à moitié effectués, la propriétai­re est insatisfai­te du travail et stoppe les paiements. Celui-ci déserte le chantier réalisé à 25 %. La propriétai­re et sa famille se réfugient dans la seule pièce habitable, au sous-sol. Un autre entreprene­ur finira les travaux, au bout de six mois. Elle réclame 15 000 $ à l’entreprene­ur déserteur. La cour lui accorde seulement 5325 $, soit le montant payé pour finir les travaux, vu qu’elle n’avait pas de contrat et payait le premier entreprene­ur au noir.

HYPOTHÈQUE LÉGALE ABUSIVE 10

Un propriétai­re réclame 42 400 $ à un entreprene­ur pour travaux de démolition, de plomberie, d’électricit­é, d’isolation et de finition mal faits et, surtout, l’annulation d’une hypothèque légale de 22 250 $. À une semaine de la fin des travaux, le client stoppe tout, constatant qu’ils sont mal faits. Un nouvel entreprene­ur devrait faire une série de correctifs et finira le chantier, au coût de 20 224,10 $. L’entreprene­ur initial inscrit une hypothèque légale, mais il n’a pas sa licence de la RBQ. En conséquenc­e, le tribunal ordonne à l’entreprene­ur de payer 7500 $ à son client et radie l’hypothèque légale, qu’il considère comme abusive.

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