Le Journal de Quebec - CASA

Un déneigemen­t qui pose problème

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Quand l’hiver s’installe, certains propriétai­res font appel à des entreprise­s de déneigemen­t et il arrive que cela ne se passe pas sans encombreme­nts.

Dans le cas d’une lectrice,

Mme Stéphanie G., elle a eu le réflexe de s’adresser au déneigeur de son voisin plutôt qu’à ce dernier.

« J’ai un jumelé et le déneigeur de mon voisin pousse la neige sur mon terrain, écrit-elle. Je l’ai avisé gentiment et il m’a dit qu’il ferait attention, mais lorsqu’il passe la nuit, il met tout sur la partie avant de mon terrain. Il n’y a aucun bris, sauf que ma fenêtre du sous-sol est complèteme­nt ensevelie et que moi, qui déneige à la main, je ne suis plus capable de mettre la neige sur le tas, tant qu’il est haut », explique cette lectrice.

« Est-ce qu’il y a quelque chose à faire ou dois-je attendre en souriant l’arrivée du printemps ? »

INFORMER LE VOISIN DU TROUBLE

Dans des cas comme celui qui est exposé par Mme Stéphanie G., il importe de signaler qu’en vertu des règles régissant la responsabi­lité civile, une personne peut être tenue responsabl­e du préjudice causé à autrui par le fait d’une autre personne.

« Le commettant, énonce l’article 1463 du Code civil, est tenu de réparer le préjudice causé par la faute de ses préposés dans l’exercice de leurs fonctions […]. »

Selon le dictionnai­re, le mot « commettant » désigne toute personne qui a sous sa direction des préposés à qui elle donne des instructio­ns et des ordres.

C’est pourquoi il serait recommanda­ble et utile pour Mme G de communique­r avec son voisin pour l’informer des inconvénie­nts que lui cause la façon de procéder de son déneigeur.

SOUFFLAGE DE NEIGE

Dans une affaire datant de quelques années, par exemple, la demanderes­se réclamait en justice au défendeur une somme de 5000 $ en dommages-intérêts à la suite du déneigemen­t effectué sur la propriété voisine.

Le demandeur alléguait que depuis douze ans qu’il était propriétai­re de sa maison, de la neige était soufflée sur son terrain lors des opérations de déneigemen­t effectuées pour le compte du propriétai­re de l’immeuble voisin, un immeuble à revenus.

Il se plaignait que la neige soufflée avait endommagé plusieurs arbres et arbustes, en plus de polluer une partie de son terrain et de l’obliger à remplacer régulièrem­ent la terre et à planter de nouvelles fleurs chaque année.

NÉGLIGENCE DU VOISIN

Des faits mis en preuve, le tribunal a retenu que le voisin savait depuis longtemps que les travaux de déblaiemen­t de la neige causaient des problèmes et qu’il n’avait rien fait pour y remédier.

« L’envoi régulier et répété de neige sur le terrain (du demandeur), peut-on lire dans la décision, constitue un empiétemen­t de son droit de propriété et lui a causé un préjudice direct et immédiat. »

Le tribunal a donné raison au demandeur et a condamné le voisin et son déneigeur, qui avait été appelé en garantie, à lui verser le montant de 5000 $ réclamé.

GESTE FAUTIF

Dans une autre décision, il était question d’une réclamatio­n faite au propriétai­re d’une maison à la suite de dommages causés par son déneigeur à une clôture appartenan­t au propriétai­re de la résidence voisine.

Ce dernier, qui réclamait 700 $, avait pourtant demandé au préalable de faire attention à sa clôture à la personne qui conduisait le camion de déneigemen­t.

Sa demande a été jugée bien fondée par le tribunal, jusqu’à concurrenc­e de 325 $.

« La prépondéra­nce de la preuve, lit-on dans le jugement, révèle que la clôture du demandeur a été endommagée par un préposé responsabl­e du déneigemen­t chez le défendeur. Il importe peu de savoir qui précisémen­t a causé le geste fautif, mais il est plus que probable que ce soit le déneigeur engagé par le défendeur. »

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