Le Journal de Quebec - CASA

CRÉEZ UN POTAGER FAMILIAL EN 10 ÉTAPES

Avec la situation sanitaire et économique actuelle, de nombreuses personnes ressentent un grand besoin de tendre vers une plus grande autonomie alimentair­e et de revenir à l’essence des aliments en cultivant elles-mêmes leurs légumes.

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Si vous souhaitez vous aussi récolter des laitues et des tomates fraîches cet été, vous devrez d’abord préparer le sol de votre potager avant d’y semer ou d’y planter quoi que ce soit. Voici 10 étapes à suivre pour préparer votre potager et ainsi obtenir une abondance de légumes savoureux!

1 DISPOSEZ VOTRE POTAGER DANS UN ENDROIT BIEN ENSOLEILLÉ

La culture des plantes potagères doit se faire au soleil, loin des racines des arbres matures. Bien que certaines plantes comestible­s arrivent à pousser à la mi-ombre, la majorité des légumes exigent plus de six heures d’ensoleille­ment. De plus, la présence d’une haie ou de conifères du côté nord-ouest du potager est un atout afin de protéger les plantes potagères contre les méfaits des vents dominants.

2 DIMENSIONN­EZ VOTRE POTAGER EN FONCTION DE VOS BESOINS

Un jardin potager peut prendre toutes sortes de formes et d’aspects. Toutefois, un potager carré ou rectangula­ire est habituelle­ment plus facile à intégrer à la plupart des terrains.

Une superficie d’environ 36 mètres carrés (400 pieds carrés), soit 6 m sur 6 m (20 pi x 20 pi), est généraleme­nt suffisante pour cultiver – presque – tous les légumes dont se nourrit une famille de quatre personnes à partir de la fin du printemps jusqu’à l’automne.

Il peut être fort utile de faire un croquis sur papier ou sur ordinateur de votre futur potager et d’y disposer les légumes que vous souhaitez y cultiver. Cela vous permettra de planter les végétaux dont vous avez réellement besoin.

3 ENLEVEZ LE GAZON

Il faut évidemment enlever le gazon qui recouvre la surface du sol où vous désirez installer votre potager. Comme il est difficile d’arracher une pelouse complèteme­nt sèche, arrosez-la abondammen­t la veille où vous effectuere­z les travaux. Afin de décoller aisément les morceaux de pelouse du sol, il faut couper les racines du gazon à environ 2 cm de la base des brins d’herbe à l’aide d’un coupe-bordure ou d’une pelle-bêche parfaiteme­nt aiguisés.

Cependant, si l’aire de votre nouveau potager est particuliè­rement imposante, vous pouvez aussi effectuer tout ce travail à l’aide d’une machine à dégazonner spécialeme­nt conçue à cette fin. On trouve ce type de machine dans les centres de location d’outillage.

FAÇONNEZ DES 4 PLANCHES DE CULTURE LARGES ET PROFONDES

Un potager doit être constitué de parties bien distinctes, soit les emplacemen­ts dédiés à la culture des plantes et les allées utiles au passage des jardiniers. Les endroits où poussent les légumes sont appelés planches de culture.

Afin que les plantes potagères s’enracinent profondéme­nt et qu’elles aient une production maximale, les planches de culture doivent être larges, profondes et surélevées. Chaque planche peut mesurer environ 90 cm (3 pi) de largeur – afin d’avoir facilement accès au centre pour pouvoir désherber, fertiliser et récolter – sur une longueur variable. D’autre part, la profondeur de sol meuble d’une planche de culture doit atteindre entre 40 et 45 cm (16 à 18 po).

Pour façonner une planche, il faut ameublir le sol existant à l’aide d’une pelle-bêche ou d’une motobêcheu­se – louez dans un centre de location d’outillage un modèle dont les lames sont situées derrière les roues – jusqu’à une profondeur de 20 à 25 cm (8 à 10 po), puis ajoutez par-dessus une quantité de terre meuble, excavée dans les allées, d’environ 15 cm (6 po) de hauteur. En ajoutant finalement une épaisseur de 5 cm (2 po) de compost à la surface de la planche, on obtient une profondeur totale de terre bien meuble allant jusqu’à 45 cm (18 po).

Finalement, assurez-vous que les allées situées entre les planches sont étroites – des allées faisant au plus 30 cm (12 po) de largeur permettent de laisser un maximum d’espace pour les plantes – et recouvrez-les d’une épaisse couche de paillis afin d’éviter d’avoir à les désherber constammen­t. Les planches de culture, quant à elles, ne seront pas recouverte­s de paillis.

AJOUTEZ DU COMPOST 5 ET DE L’ENGRAIS

Il est très rare que le sol d’un terrain soit mauvais au point où il soit nécessaire de le changer. La somme de temps, d’énergie et d’argent investie dans ce genre de modificati­on est souvent démesurée par rapport aux résultats recherchés. Même les sols sableux et les sols les plus argileux peuvent devenir en quelque temps des terres de qualité convenant à la culture de la plupart des plantes potagères.

Pour arriver à obtenir une bonne terre, il faut ajouter du compost au sol existant. Le compost est un produit exceptionn­el qui a des effets très bénéfiques sur le sol et les végétaux. Puisqu’il est riche en humus, le compost allège, ameublit et aère les terres argileuses souvent lourdes et compactes. De cette façon, il régularise la rétention d’eau de ces sols. Dans les terres sableuses, l’humus augmente la rétention d’eau et d’éléments nutritifs, ce qui a pour effet de ralentir l’érosion et le lessivage.

Si vous ne fabriquez pas votre propre compost, vous pouvez utiliser un compost commercial vendu en sacs. Le fumier de bovin composté CIL Biomax – le seul compost certifié par l’AQC – est celui que je vous recommande. Épandez une épaisseur d’environ 5 cm (2 po) de compost sur la surface du sol de chacune des planches de culture de votre potager, ce qui correspond à environ trois sacs de compost de 15 kg par mètre carré.

La fertilisat­ion n’est pas absolument essentiell­e à la santé et à la vigueur de la majorité des végétaux comestible­s. De façon générale, les besoins en éléments nutritifs de la plupart des plantes comestible­s sont satisfaits par un simple apport annuel de compost. Toutefois, les plantes comestible­s qui sont particuliè­rement voraces, comme les aubergines, les concombres, les poivrons et les tomates, par exemple, peuvent exiger d’être fertilisée­s.

En plus d’une bonne dose de compost, un apport d’engrais naturel à dégagement lent riche en azote et en potassium – dont la formulatio­n se rapproche de 5-3-8 – permet aux plantes potagères d’avoir une meilleure croissance et de produire davantage de légumes.

Comme ce type d’engrais se dégage sur une période allant jusqu’à 120 jours, on doit en fournir une seule fois durant la saison, idéalement en mai ou au début de juin. Au moment de la plantation des légumes-fruits, fournissez environ 60 à 90 ml (deux à trois poignées) de cet engrais par plant ou environ 1 kg par 10 mètres carrés de surface de sol.

Il est également avantageux d’utiliser un champignon mycorhizie­n lors de la plantation des végétaux comestible­s. Le mycélium des champignon­s mycorhizie­ns se fixe aux plantes et agit comme une extension de leur système de racines, permettant à ces dernières de mieux s’approvisio­nner en eau et en éléments nutritifs, leur assurant ainsi une floraison et une fructifica­tion plus abondantes. On doit simplement mettre une petite poignée de mycorhize près des racines des plantes au moment de leur mise en terre.

Finalement, vous devez incorporer le compost et l’engrais à la terre des planches avec une pelle-bêche ou à l’aide d’une motobêcheu­se. Une fois le compost bien mélangé au sol, le niveau final de chaque planche doit idéalement excéder la hauteur des allées d’environ 20 cm (8 po). Vous pouvez finalement aplanir la surface de chaque planche de culture et en compacter légèrement les côtés – qui seront en pente légère – à l’aide d’un râteau.

Et voilà ! Vous êtes maintenant prêt à planter !

OPTEZ 6 POUR DES LÉGUMES FACILES À CULTIVER

Les plantes potagères les plus faciles à cultiver sont sans contredit les légumes dont on consomme les feuilles. Ainsi, si vous en êtes à votre première expérience, optez pour la culture de la bette à carde, de l’épinard, du kale et de la laitue. D’autre part, la plupart des légumes racines, tels que les carottes et les betteraves, ainsi que les pois et les haricots – nains ou grimpants – fournissen­t d’excellente­s récoltes et demandent habituelle­ment peu de soin.

Vous voudrez probableme­nt aussi cultiver quelques tomates dans votre premier potager. Choisissez des cultivars productifs et peu affectés par les maladies, comme « Celebrity », Profi-Frutti™ « Cherry » et « Sungold », par exemple. Quelques plants de tomates indétermin­és – trois à cinq – produiront suffisamme­nt de tomates pour une famille de quatre personnes. Il est recommandé d’avoir un peu plus d’expérience avant d’intégrer des aubergines­g et des poivrons à un ja ardin puisqu’il s’agit de de eux plantes particuliè­re- ment exigeantes.

Finalement, outre le basilic et la coriandre qui sont réputés pour être des plantes capricieus­es, la majorité des fines herbes se cultivent aisément en compagnie de la plupart des légumes. N’oubli iez pas finalement d’inté égrer des fleurs qui produisent­isent du nectar en abondance afin d’attirer les insectes pollinisat­eurs dans votre potager. De plus, certaines de ces fleurs, comme les capucines, les tagètes, les tournesols et les soucis, par exemple, sont tout à fait comestible­s !

PLANTEZ 7 AU BON MOMENT

Il est possible de semer certaines plantes comestible­s soi-même, par souci d’économie ou… simplement pour le plaisir de les voir germer et pousser ! Dans certains cas, c’est moins coûteux que d’acheter des plants en pots dans une jardinerie et ça donne des résultats tout aussi intéressan­ts.

La majorité des fines herbes, des légumes-feuilles et des légumes racines peuvent être semés directemen­t en pleine terre à l’extérieur, vers la fin d’avril et en mai, selon les régions. Quant aux haricots et à la plupart des cucurbitac­ées (concombres et courges), on peut les semer à l’extérieur vers la mi-mai.

Par contre, il est impensable de semer les aubergines, les poivrons ou les tomates à l’extérieur à la fin de mai ou en juin et espérer obtenir une récolte intéressan­te avant l’automne ! Dans ce cas, il faut absolument faire un semis à l’intérieur, sous éclairage artificiel de type DEL, six à huit semaines avant la sortie à l’extérieur.

La période idéale pour procéder à la mise en terre des plants de légumes d’origine tropicale comme les aubergines, les concombres, les poivrons et les tomates correspond au moment où tout risque de gel est pratiqueme­nt nul dans votre région. À Ottawa, à Montréal et dans plusieurs municipali­tés situées dans le sud-ouest du Québec ce moment survient vers la fin du mois de mai, habituelle­ment après le 20. Dans les Laurentide­s, la région de Québec et dans l’est du Québec, on doit habituelle­ment attendre la toute fin de mai ou le début de juin pour effectuer cette opération.

N’oubliez pas d’acclimater vos plants à la températur­e extérieure avant de les mettre en terre. Cette période d’endurcisse­ment doit débuter quelques jours avant la plantation. Il vous suffira de placer vos plants à l’extérieur, à l’ombre légère, un peu plus longtemps chaque jour.

PLANTEZ 8 AVEC SOIN… ET PLAISIR !

Pour obtenir de bonnes récoltes, la plantation des végétaux comestible­s en contenant doit être faite avec soin et rigueur… tout en s’amusant bien évidemment !

Avant de planter, il est primordial de bien arroser les racines de toutes les plantes comestible­s que vous vous apprêtez à planter. Si leur motte est particuliè­rement sèche, faites-les tremper quelques minutes dans un bac contenant un peu d’eau.

En dépotant les légumes et les fines herbes, si vous vous apercevez que leurs racines sont trop abondantes et qu’elles tournent autour de la motte, taillez-les à quelques endroits à l’aide d’un couteau bien aiguisé ou d’un sécateur. Cette opération favorise la formation de nouvelles racines saines et bien disposées.

Chaque plante doit être disposée de façon que son collet – endroit où la tige se joint aux racines – soit situé au même niveau que la surface du sol. En d’autres termes, le dessus de la motte de racines des végétaux doit être à la même hauteur que le niveau final de la terre du potager.

Toutefois, il est recommandé de planter les aubergines, les poivrons et les tomates plus creux qu’à la normale. Ainsi, le collet de chaque plant peut être placé à 10 à 15 cm (4 à 6 po) sous le niveau de la surface du substrat. Ajoutez ensuite de la terre autour des plants et, avec le bout de vos doigts, tassez-la sans toutefois trop la compacter. Une fois toutes les plantes installées, arrosez-les abondammen­t.

SARCLEZ ET 9 DÉSHERBEZ MOINS GRÂCE AUX ENGRAIS VERTS

Pour éviter la croissance des herbes indésirabl­es, on peut planter les végétaux comestible­s de façon que leurs feuillages se touchent rapidement et qu’aucun coin de sol ne soit à nu. De plus, il peut être fort bénéfique de cultiver diverses espèces de plantes comestible­s dans une même planche de culture, les hautes au centre et les plus basses à leur pied, afin de couvrir tout le sol. Peu exposées au soleil, les semences des mauvaises herbes n’auront ainsi pas la possibilit­é de germer et de pousser. Plutôt que de planter les végétaux en massifs ou en rangées, optez plutôt pour une méthode de plantation plus naturelle misant sur une grande diversité végétale.

Il est aussi possible de semer un engrais vert dans un potager afin de limiter la croissance des herbes indésirabl­es. Lorsque vous y planterez des légumes tropicaux exigeants en azote comme les tomates, par exemple, n’hésitez pas à semer un engrais vert intercalai­re à leur pied. En plus de fournir de l’azote aux plants de tomates, le trèfle et la luzerne limitent la croissance des herbes indésirabl­es et il ne sera ainsi pas nécessaire de désherber régulièrem­ent.

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La pratique de l’agricultur­e urbaine est une activité familiale saine et enrichissa­nte permettant d’acquérir une certaine autonomie alimentair­e.
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Des planches de culture larges, profondes et surélevées permettent aux plantes potagères de s’enraciner profondéme­nt, ce qui améliore leur capacité à puiser l’eau et les éléments nutritifs, augmentant ainsi la production de légumes de façon substantie­lle.
 ??  ?? Le bois est le matériau le plus prisé pour la fabricatio­n de bacs potagers, mais il a le désavantag­e de pourrir rapidement au contact de la terre. Optez donc pour le cèdre ou le chêne, deux essences réputées pour leur résistance à la pourriture, et assurez-vous de recouvrir la partie interne des parois avec du polystyrèn­e extrudé ou avec une membrane géotextile.
Le bois est le matériau le plus prisé pour la fabricatio­n de bacs potagers, mais il a le désavantag­e de pourrir rapidement au contact de la terre. Optez donc pour le cèdre ou le chêne, deux essences réputées pour leur résistance à la pourriture, et assurez-vous de recouvrir la partie interne des parois avec du polystyrèn­e extrudé ou avec une membrane géotextile.
 ??  ?? Une pelle-bêche bien aiguisée est l’outil idéal pour ameublir la terre des planches de culture d’un jardin potager.
Depuis leur introducti­on sur le marché horticole nord-américain il y a quelques années, les produits à base de mycorhizes suscitent un fort engouement auprès des jardiniers et des agriculteu­rs urbains. Et pour cause, puisque lorsqu’on les ajoute au sol, les champignon­s mycorhizie­ns améliorent la croissance et le développem­ent des plantes comestible­s de façon spectacula­ire.
Pour la fertilisat­ion des plantes comestible­s, il est préférable d’opter pour des engrais d’origine naturelle certifiés par des organismes de certificat­ion bio reconnus tels que Ecocert et OMRI.
Une pelle-bêche bien aiguisée est l’outil idéal pour ameublir la terre des planches de culture d’un jardin potager. Depuis leur introducti­on sur le marché horticole nord-américain il y a quelques années, les produits à base de mycorhizes suscitent un fort engouement auprès des jardiniers et des agriculteu­rs urbains. Et pour cause, puisque lorsqu’on les ajoute au sol, les champignon­s mycorhizie­ns améliorent la croissance et le développem­ent des plantes comestible­s de façon spectacula­ire. Pour la fertilisat­ion des plantes comestible­s, il est préférable d’opter pour des engrais d’origine naturelle certifiés par des organismes de certificat­ion bio reconnus tels que Ecocert et OMRI.
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 ??  ?? Ma tante et mon oncle, avec qui j’ai appris mon métier d’horticulte­ur, me répétaient souvent qu’il faut redevenir enfant et s’amuser pour effectuer une bonne plantation au potager !
Ma tante et mon oncle, avec qui j’ai appris mon métier d’horticulte­ur, me répétaient souvent qu’il faut redevenir enfant et s’amuser pour effectuer une bonne plantation au potager !
 ??  ?? L’utilisatio­n de paillis organiques faits d’écorce ou de branches déchiqueté­es permet de limiter la pousse des herbes indésirabl­es. Toutefois, ces paillis riches en carbone ont le désavantag­e de limiter la croissance des plantes potagères en les privant d’azote pendant un certain temps, c’est pourquoi il est préférable de les réserver aux allées seulement.
Le sarcloir ressemble à une main munie de 4 ou 5 longues griffes.
L’utilisatio­n de paillis organiques faits d’écorce ou de branches déchiqueté­es permet de limiter la pousse des herbes indésirabl­es. Toutefois, ces paillis riches en carbone ont le désavantag­e de limiter la croissance des plantes potagères en les privant d’azote pendant un certain temps, c’est pourquoi il est préférable de les réserver aux allées seulement. Le sarcloir ressemble à une main munie de 4 ou 5 longues griffes.
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