La France pleure sa vigne
En France, plusieurs viticulteurs redoutaient les gels d’avril. Ils avaient raison. La récolte du millésime 2021 s’annonce comme la plus désastreuse du 21e siècle.
De la Champagne à la Provence, la plupart des grandes régions viticoles du pays ont été touchées. On estime que la production viticole nationale sera amputée d’au moins un tiers et que les pertes de revenus dépasseront les 3 milliards de dollars.
Cette nouvelle réalité soulève une fois de plus la question des changements climatiques. Les températures anormalement chaudes de la fin de l’hiver ont entraîné un bourgeonnement hâtif de la vigne. Et les bourgeons, une fois sortis, sont vulnérables aux gelées printanières. Pour les protéger, les vignerons se sont battus pendant trois nuits, pulvérisant tantôt la vigne avec de l’eau – en gelant, l’eau libère une chaleur latente –, allumant tantôt des bougies géantes entre les rangs. Cette dernière méthode a donné lieu à des photos spectaculaires, avec des résultats tristement mitigés.
Le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne confirme qu’aucune de ses appellations n’a été épargnée. À Villié-Morgon, dans le Beaujolais, les Lapierre ont eu plus de chance et estiment les pertes à environ 20 %, mais il faut encore attendre de voir comment la vigne reprendra. Dans la Loire, la Touraine semble la plus touchée. À Bordeaux, les Graves et le Sauternais font face à des pertes de 80 à 90 %. La nuit du 8 avril a été fatale à plusieurs endroits dans la vallée du Rhône, où les vignes ont été affectées, et les pertes sont de l’ordre de 100 % chez certains vignerons.
Ce week-end, levons notre verre à leur santé. Leur moral (et le nôtre) en ont bien besoin.