Le Journal de Quebec - Évasion
Quand la chanson fait voyager
Bruno Pelletier avait 30 ans quand il a pris l’avion pour la première fois à destination du Mexique. « J’ai voyagé tardivement dans ma vie, mais rapidement ma carrière m’a mené aux quatre coins du globe », dit celui qui a même résidé dans la Ville Lumière pendant 5 ans, en plus d’avoir vécu plusieurs mois à Londres. D’ailleurs, celui qui vient de lancer son nouvel album Sous Impulsions sera sur scène en janvier, à Moscou, au MIR Concert Hall. « J’ai toujours eu l’impression d’avoir quitté l’école trop tôt, et voyager m’a permis d’approfondir mes connaissances et de mieux comprendre le monde.
Les voyages sont la meilleure école de la vie, ils forment la jeunesse certes, mais aussi les plus vieux ! »
Vous qui avez résidé longtemps à Paris, parlez-nous de vos préférences.
Bien sûr, Notre-Dame de Paris, sur l’île de la Cité, mais au-delà de la cathédrale et de ses rues avoisinantes, j’aime beaucoup me balader dans le Marais, l’un des plus anciens quartiers historiques de Paris. On trouve dans ce lieu délimité par les places de la Bastille, de la République et de l’Hôtel de Ville, d’anciens hôtels particuliers transformés en musées, des palais, des monuments historiques, mais également des galeries d’art, de nombreuses boutiques, des cafés et des restaurants. C’est aussi dans le Marais que l’on trouve le coeur de la ville médiévale avec ses rues étroites et ses petites maisons. Que de beaux souvenirs je garde également
des soirées passées avec mon fils au Champ-de-Mars à observer la tour Eiffel illuminée !
Vous trouvez que Paris a changé ?
J’aurai toujours une grande affection pour Paris, mais quand j’y suis retourné dernièrement, j’ai trouvé que la ville que j’avais connue n’était plus du tout la même. L’ambiance qui y régnait m’a paru plus rough et encore plus stressante qu’auparavant. Paris est une des grandes villes du monde que l’on prend toujours plaisir à découvrir, mais elle est devenue anxiogène. Le mouvement des gilets jaunes est sûrement l’aboutissement d’un stress de vie et d’un ras-le-bol de certaines classes sociales qui en arrachent plus que jamais. Quand j’y étais, je sentais que quelque chose se tramait, et finalement, la crise a éclaté.
Vous connaissez bien Londres, quels sont pour vous ses incontournables ?
Soho, et le quartier West End de la ville où sont tous les théâtres. C’est comme Broadway à New York, on y va pour se gaver de comédies musicales et de théâtre. Alors je m’en suis donné à coeur joie. Tous les soirs, j’assistais à une comédie musicale dans le West End. Soho pour sa part possède une vie stimulante et d’excellents restaurants. C’est aussi à Londres que j’ai vu l’un des musées les plus impressionnants de ma vie, le National History Museum, surtout pour son espace dédié à la paléontologie. Me balader dans le métro de Londres, bien différent de celui de Paris, m’a également beaucoup plu. Les Londoniens font preuve de respect et de savoir-vivre. J’étais très privilégié, je résidais dans un immeuble au bord de la Tamise, et j’avais une vue magnifique sur la grande roue (London Eye) et le Big Ben !
Diriez-vous que l’Italie a été l’un de vos plus grands coups de coeur ?
Tout à fait, mais je n’ai découvert l’Italie que beaucoup plus tard, en
2011, ce qui est un peu particulier pour un chanteur dont les plus gros hits ont été Miserere et Le Temps des cathédrales.
Mais à l’époque, j’étais en tournée continuelle et je n’avais pas le temps d’admirer les plus beaux joyaux d’Europe. La majestueuse cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence et son dôme impressionnant m’ont complètement ébahi. Le vertige m’a pris quand j’ai vu pour la première fois cette oeuvre magistrale et je suis resté finalement plusieurs heures à la contempler. C’est là que j’ai saisi la pleine mesure de ce que j’avais chanté des milliers de fois ! J’ai eu également beaucoup d’agrément à découvrir la Toscane, l’Ombrie et, bien sûr, Rome, une ville fascinante !
Vous êtes très loin de votre retraite, mais un jour, vous aimeriez vous installer quelques mois par année à Hawaï ?
C’est mon projet de retraite, bien que je me sente privilégié de vivre dans mon havre de paix à Saint-Hilaire. J’ai eu la chance de visiter Big Island, Maui, Kauai, O’ahu et je suis littéralement tombé sous le charme de ces îles. Le rythme de vie à Hawaï est beaucoup plus sain, les habitants sont décontractés et ils ont une façon bien particulière de prendre la vie. J’ai rencontré des Québécois installés à Maui, qui me disaient comme ils trouvaient pénible de revenir au Québec au temps des fêtes à cause de notre style de vie effréné, et comme cela influe sur l’humeur des gens. À choisir, je m’installerais sur l’île de Kaui pour son côté plus sauvage, et c’est une île propice aux sports de toutes sortes.
Vous avez donné des prestations au Liban, quelles ont été vos impressions de ce pays ?
Ma visite s’est limitée à Beyrouth, et ce que je retiens surtout est l’extrême gentillesse des Beyrouthins, un peuple très éduqué. J’ai aussi été frappé, et je le dis avec tout le côté gentleman que je peux avoir, par la beauté des Libanaises. J’ai eu la chance de faire la rencontre de quatre générations de femmes de la même famille, et j’ai été ébloui par leur apparence. Un constat généralisé.
Que pouvez-vous nous dire de Séoul où vous étiez pour le travail ?
Séoul est une grande ville comparable à New York, mais avec une extrême propreté. Aucun papier ne traîne par terre. En plus, j’ai trouvé la circulation fluide et les conducteurs respectent les codes de la route comparativement à d’autres grandes villes d’Asie. La ville est hyper moderne et, étonnamment, à seulement quelques kilomètres de la Corée du Nord, qui vit complètement d’une autre façon avec l’un des peuples les plus fermés de la planète. C’est assez paradoxal !
Depuis 10 ans vous allez régulièrement en Russie pour chanter, parlez-nous de Moscou...
C’est une ville impressionnante par son architecture et son histoire. De plus, l’art sous toutes ses formes y tient une place importante, ce qui me plaît particulièrement. En 2009, quand j’y suis allé pour la première fois, j’étais convaincu que j’allais chanter devant une salle plutôt froide, mais au contraire, le public m’a accueilli d’une manière extrêmement chaleureuse. Je recevais des fleurs à chaque chanson, et même des cadeaux. Malheureusement, nous avons une vision parfois négative de la Russie par la lorgnette des médias qui ne rapportent que les événements politiques qui font la manchette. Mais sur le terrain, les choses sont bien différentes, surtout quand on s’ouvre aux autres et à leur culture.